Dans son deuxième roman publié en France Martyn Waites nous livre une vision de l’Angleterre des années 50 à 70 en mêlant Histoire et fiction. Un livre sans concession où, bien souvent, la tragédie ne semble pas pouvoir être arrêtée.
Le synopsis du livre nous laisse observer l’évolution des personnages sur deux décennies. Comment la vie les change, et surtout les malheurs qui les frappent. La fiction prend place dans la ville de Newcastle, en plein bouleversement : les socialistes arrivent au pouvoir et veulent raser les quartiers pauvres et mal famés de la ville pour construire des grands complexes résidentiels, de grandes tours, le nec plus ultra pour l’époque. La grande Histoire donne le ton de la petite car nous savons que ce grand changement n’a remplacé qu’un bidonville par un autre et fait jeter son principal instigateur, Dan Smith, politicien anglais et héros du roman, en prison en 1969.
C’est dans ce contexte qu’évoluent les personnages du roman qui essaient, souvent, de se débattre contre leur passé et de s’assurer une vie meilleure. Une tâche bien difficile pour Jack Smeaton, soldat anglais traumatisé par les images mentales qu’il a ramené des camps, ou encore pour Monica, prostituée par son père alors qu’elle n’était qu’une enfant puis par son compagnon alors qu’elle était enceinte.
Les ellipses sont très intéressantes car très bien placées. Elles nous permettent de constater immédiatement les conséquences des actions précédentes. Ainsi, les recettes des drames se mettent en place, parfois soudainement, parfois d’ellipses en ellipses. Nous les sentons venir insidieusement et observons les personnages se débattre sans comprendre que, parfois, tout est déjà joué.
Entre destin, déterminisme social et contexte politique, tout tend vers la tragédie. Mais, heureusement, tout n’est pas sans espoir.
Le style sert tout à fait le propos : très crû, il sait parler franchement des choses les plus sordides comme de la prostitution infantile.
La chambre blanche, aux éditions Rivage, est un très bon roman noir. Comme le voulait l’auteur, qui l’avoue lui-même sur son site internet (en anglais), le récit raconte parfaitement comment certains futurs « s’effondrent avant même d’être bâtis ».