UNTITLED MAGAZINE
A 80 km de Lyon, la ville de Saint-Étienne est un petit bouillon de culture. Entre deux vallons non loin de Paris, elle nous propose jusqu'au 2 janvier 2017, une exposition historique sur la fabrication et sur l’histoire du ruban, renommée du patrimoine stéphanois.
Corset, vers 1900, sans griffe. Collection Le Paon de Soie.
La France regorge de merveilles et notre soif d'ailleurs pourrait se rassasier plus près que l'on ne pourrait le penser. Si l'esprit français cherche bien souvent à dépasser les frontières hexagonales pour se ressourcer, il a tort de ne pas regarder tout prêt. Saint Étienne semble être une destination parfaite. La campagne est sublime, la ville charmante et l'impulsion culturelle vivifiante. Fiers de leur patrimoine, de l'héritage artisanal laissé par leurs -nos- anciens, les stéphanois ont rassemblé dans le musée d'art et d'industrie les trois principales industries qui ont fait la gloire de la ville : l'armement, le cycle et le ruban. Le musée se veut lieu de transmission, de découverte, de partage.
L'exposition Le ruban c'est la mode est juste et fera naître un sentiment de fierté à qui voudra bien se pencher sur les talents des ouvriers de cette région. Les métiers à tisser d'antan témoignent d'un savoir faire et d'une maîtrise qui feraient rougir les machines actuelles. L'ambiance retranscrite est forte d'un rayonnement international. Jusqu'à la fin des années 1990, tous les élégants du monde s’approvisionnaient exclusivement des petits morceaux de tissus stéphanois.
Yves Saint Laurent. Robe du soir, collection Haute Couture printemps-été 1996. © Fondation Pierre Bergé
Petit bout de tissus et grande utilité
Le ruban, ce petit bout de fils tissés allant de 2mm à 30cm, se meut tout au long de son histoire au grès des modes. Souvent minimisé, il est en fait partie prenante de la structure même de l'habit. Chez les hommes d'abord puis réservé aux femmes par la suite, il délimitait le rang des nobles, renseignait sur l'appartenance aux maisons, et servait d'indications sociales. Profusion de ruban impliquait un haut rang au XVIIIeme siècle, un ruban vert rappelait les couleurs d'une maison -code couleur utilisé pendant des siècles notamment grâce aux bonnets de nurses et dans certains villages par exemple la couleur qui ornait un chapeau indiquait le statut marital de sa propriétaire. Apprendre à regarder ce qui fait la mode, comprendre qu’elle est bien plus qu’un agencement de tissus et qu’elle enferme des codes sociaux définit et complexes, voilà l’ambition de cette exposition.
L'histoire du ruban de France
Constituée de trois pièces principales, elle se découpe d'abord en une chronologie globale sur l'histoire du ruban en France, aussi bien sur les accessoires qu'au cœur des créations de grands stylistes (des redingotes du second empire à des créations des années 2000 de Yves Saint Laurent). Ensuite vient s'offrir l'histoire de la région où trésors de broderies, de ruban en velours, torsadés, unis ou jacquard se déclinent à l'infini. Une profusion qui accompagne la mode et ses créations et regorge des minuties toutes plus belles les unes que les autres. Sont présentés les grands noms qui ont participé à la prospérité des enseignes de l'époque. Et enfin, une salle où s’étale la richesse de la production contemporaine, production qui flirt aussi bien avec le domaine médicale qu’avec la mode et le quotidien.
Une réelle belle exposition aux explications pertinentes qui enrichie un peu plus l’image d’une France formidable.
Détail tailleur, ruban brodé.
