Cet été, à l'occasion de son événement "Jardin en ville", le Bon Marché, invite jusqu'au 20 août, l'artiste Sun Young Min à investir les lieux. Elle propose une fresque végétale rafraîchissante et poétique qui remet à l'ordre du jour le débat sur la liaison entre le commercial et la création.
Art et shopping, couple longue vie ?
Si les groupes de luxe flirt depuis toujours avec les arts contemporains (Hermes invite depuis des années des artistes à mettre en valeurs ses vitrines ; les Galeries Layettes ont une galerie à l'intérieur des galeries...), l'art contemporain est de plus en plus présent aux côtés des grandes marques de luxe. Le lien peut être tissé entre la passion du shopping dit de qualité et l'investissement dans l'art. Parce que oui, ceux et celles qui peuvent s'offrir un par-dessus Lanvin sont plus à même de voir arriver sur leurs murs la toile d'un grand peintre que celui ou celle qui craque son porte-feuille pour un jean Zara. Cette pratique du shopping-art impose un paradoxe : d'un côté l'art contemporain, déjà pensé pour une minorité, s'enferme dans ce jeu élitiste (l'art aux riches) ; de l'autre, l'ouverture que promet cette diffusion de plus en plus large promet à l'art une visibilité plus importante. Art et shopping, bon mix ? Poreuses, les formes d'art s'affichent commerciales plus que jamais et s'entremêlent de plus en plus.
(c) Le Bon Marché
Sun Young Min, poésie végétale
Toujours est-il qu'au Bon Marché, l'artiste coréenne offre sur un pan de mur une jolie installation, rien de transcendant, mais le tout reste agréable. Des morceaux de verdure sont apposés sur l’Entrée sur l’Art Contemporain au premier étage. C'est la fleur d'Iris, puissante et féminine, que Sun Young Min a choisi pour illustrer cette aperçu végétal. Peintures et nuages organiques s'enlacent dans le geste spontané de l'artiste. Pour autant, le propos reste faible. Peu de fond, peu d'explications. On est bien en présence de décorations et non pas d'art comme il est d'usage d'en parler aujourd'hui. Manque le propos, la motivation de l'artiste qui permet à son oeuvre de prendre une ampleur plus intelligente. Là, au mur, on ne voit que peinture et touffe d'herbe. C'est joli, mais ça s'arrête là.
(c) Le Bon Marché
L'installation relance bien la question de la commercialisation de l'art contemporain et de sa différence avec la déco : qu'est-ce donc que cet art se vendant à des millions ? On peine à trouver le véritable but de cette entrée artistique, et c'est dommage. Tant qu'à faire, l'idée aurait pu être pensée intelligemment. Autant aller au rayon poster d'Ikea.