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Ivan Messac : "Ce que nous voyons le jour existait déjà la nuit"

10 octobre 2016, par Untitled Magazine

Du 15 octobre au 13 novembre 2016 Ivan Messac sera au studio 13/16 du Centre Pompidou pour une manifestation publique : construire un immense tableau nourri de recherches en direct. Avec des ateliers participatifs, suivez la construction d'une oeuvre, une véritable expérience !

Un sourire, une franche sympathie, et un air à l’intelligence taquine, voilà comment l’on pourrait définir Ivan Messac. Il s’appuie souvent sur les dires de Wittgenstein "Ce que nous voyons le jour existait déjà la nuit", s'en servant comme une maxime qu'il applique à sa pratique. Son atelier au cœur de Bastille présente des toiles accrochées au mur, des toiles où la matière n’apparaît pas mais où les coups de pinceaux semblent bien présents. C’est en fait parce qu’Ivan Messac travaille depuis quelques temps à partir d’un IPad. Il s’est écarté du travail de la sculpture en 2 dimensions sur toile qu’il avait entrepris durant plusieurs années, pour se rapprocher de méthodes de production plus contemporaines. Grace à cette toute nouvelle manière de faire, il agrandit et travaille les détails, efface et recommence pour interroger des thèmes qu’il veut plus léger. La légèreté est ce qui motive ses créations, il part du principe qu' « au fond quand on laisse aller il y a des choses qui sortent ». Cette douceur insouciante, il a eu envie de la partager et d’en faire une œuvre majestueuse. Il propose au Studio 13/16 au Centre Pompidou, une intervention en public : Ivan Messac Live : 20 jours pour un tableau, L’amour à cloche pied. Une manifestation où le mythe de l’Enlèvement de Proserpine sera réinventé, détourné sur une toile de 2,5 sur 6 mètres dont le châssis ne sera pas conventionnel. Nous nous y sommes penchés et sommes allés à la rencontre de ce sculpteur hybride.

4727 croquis préparatoire, " L'amour à cloche-pied ", 2016 © Ivan Messac

Ivan, comment vous est venu le projet de créer une œuvre si grande ayant pour thème celui du mythe de Proserpine ?

Eh bien il y a plusieurs raisons. L’une est assez simple, c’est que le fabricant de châssis, Monsieur Philippe Marin qui est un gros fournisseur et que je connais bien, m'a dit un jour, « Tu sais Ivan, il serait quand même temps que tu fasses un tableau un peu exceptionnel. » Et évidemment, il m'a tenté d’une manière diabolique en me disant «  et si tu le fais, je te l’offre ». Je ne vous dis pas que je l’ai fait parce qu’il m’avait dit qu’il me l’offrait, au contraire ça a traîné pendant des mois, et au bout de ces quelques mois, j'ai pensé à quelque chose. J’avais déjà plusieurs images de l’enlèvement de Proserpine. J’y travaillais, j’y pensais. Tout le monde s’intéresse beaucoup à l’enlèvement de Proserpine mais moi ce qui me fascinait c’est le groupe de personnages et leur dynamique. Le mythe m’intéressait aussi mais disons que cela pourrait éloigner de ce qu’est un tableau. Enfin, j’avais des images. Je vais voir Philippe Marin pour lui montrer le châssis que j’avais imaginé. Il accepte et me dit « quand est-ce qu’on commence ? » Plus le temps allait, plus j'y pensais. En regardant ce que j'avais déjà préparer, j'ai vu le véritable sujet de l'affaire : Dans un enlèvement, il y a un type qui doit prendre la fille dans ses bras et partir avec. Normalement il devrait avoir un pied en l’air. Mais dans les sculptures qui ont déjà étaient faites, celle du Bernin et de François Girardon pour ne citer qu'elles, s’il n’y a qu’un élément autre que le pied qui maintient l’ensemble, tout tombe. On rajoute alors un élément pour maintenir l’action. Ce qu’a fait Le Bernin avec ce mythe notamment. Mais je suis en deux dimensions maintenant, donc tout cela n’a plus d’importance. Du coup, en peinture, j'ai coupé tout ce qui est caché et le type se retrouve avec une seule jambe, unijambiste. D’où l’amour à cloche pied. Mais cloche pied me fais penser marelle et au fond, mon châssis ressemble un peu à une marelle, symboliquement. Et j’ai pensé en même temps « carte du tendre », comme si c’était un parcours amoureux, et ça me plaisais bien. Puis les choses se sont mises en place comme ça avec Sarah Mattera, la responsable du pôle prospective et nouveaux concepts au service de la médiation culturelle.

96569 croquis préparatoire, " L'amour à cloche-pied ", 2016 © Ivan Messac

Mais pourtant ce que vous me dépeignez là ressemble à ce que vous faisiez avant de passer à la production numérique, aux sculptures en deux dimensions sur toile non ?

Tout à fait ! Entre le moment où tout ça c’est décidé, en décembre dernier et maintenant, je me suis mis à faire les choses autrement. J'ai hésité à changé de thème, à imaginer quelque chose d'autre, mais au final, je me suis dit que ça ne faisais rien et que tout concilier serait intéressant. La forme de l’œuvre, le châssis, qui est une partie de l’œuvre et ce que je fais aujourd’hui, ma pratique actuelle. Alors c’est ce qu’il va se passer. Cela va être beaucoup plus libre. Je vais garder quelques petites choses et sortir de la peinture pour aller vers le numérique en public ! Mais c’est quand même un petit challenge parce que je ne marche pas sur du sûr (rire) mais je trouve ça très amusant !

86366 croquis préparatoire, " L'amour à cloche-pied ", 2016 © Ivan Messac

Du coup comment imaginez-vous ce nouveau challenge ? Comment cela va-t-il se mettre en place cette manifestation ?

Je ne sais pas bien encore. Je me réserve des petites surprises. Peut-être que je serais tenté de faire des formes, de privilégier de l’espace pour venir mettre en place d’autres choses autour du mythe. Il y aura des formes peintes et des formes imprimées. Sur place j’amène mon IPad pour faire des petits croquis. Il va y avoir des ateliers de travail autour des tableaux et je vais peut-être les intégrer, m’en inspirer, je ne sais pas encore. Il y aura mon vieux complice Pierre Tilman qui viendra présenter des passages de ses derniers écrits, puis le danseur et chorégraphe Hervé Sika et Christine Ravat-Farenc qui va faire des petits ateliers de théâtre sur le mythe. Il y aura aussi la revue TOPO qui viendra animer un atelier. Mais il y a une grande part d’incertain, et toutes ces choses vont peut-être m’amener à faire des productions complètement différentes. Tout n’est pas définit mais il va y avoir beaucoup de matière pour créer. Il va y avoir des photographes, des gens qui passent, des jeunes, des moins jeunes et puis jour après jour, il y aura une publication, sur un blog qui fait partie intégrante de l’œuvre. Un peu comme un journal de bord. Vraiment tout cela m’amuse beaucoup. Je découvre un monde contemporain, via l'utilisation du numérique, que je ne connaissais pas, et vivre dans son époque, c’est tout simplement passionnant !

76710 croquis préparatoire, " L'amour à cloche-pied ", 2016 © Ivan Messac

-- Retrouvez Ivan Messac au studio 13/16 du Centre Pompidou du 15 octobre à partir de 14H au 13 novembre 2016

Le blog à suivre en live est ici.

Centre Pompidou - Studio 13/16 Place Georges Pompidou - 75004 Paris Ouvert gratuitement et sans réservation les mercredis, samedis et dimanches de 14h à 18h et tous les jours pendant les vacances scolaires (19/10 - 02/11) sauf le mardi.

 


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