C’est l’histoire de trois sœurs qui n’ont pas fini d’en baver. La cause de tous leurs maux ? Leur mère. Un jour et après plusieurs années d’absence, Kim l’aînée se doit de revenir dans le foyer familial où vivent encore la sororité, Jo et Sherry, et la matriarche, Evelyn.
Vont alors s’en suivre des répliques cinglantes, des pleurs, des questionnements et quelques souvenirs éparpillés par ci par là comme pour mettre un peu de baume au cœur à ces personnages blessés. L’auteur, Lee Blessing, un américain qui ne débute pas dans le métier, s’inspire de sa propre histoire pour nous livrer une pièce lourde de sens sur les rapports compliqués qu’on doit parfois entretenir avec les membres de sa famille.
© Isabelle Broyard. Tous les droits réservés.
Il pose avec finesse, sans tomber dans le piège du jugement ou de l’accusation trop facile, la question suivante : comment fait-on, même adulte, pour se défaire des griffes d’une mère tyrannique, sans décider pour autant de briser totalement les liens qui nous relient à elle ? Lee Blessing ne nous donne pas vraiment la réponse. Il nous invite surtout dans son drame à y réfléchir et donne de l’ampleur à cette question primordiale qui comme tout ce qui touche aux rapports humains, n’est ni noire ni blanche mais nuancée de gris.
Les trois sœurs, interprétées par trois fabuleuses actrices, sont attachantes, drôles, paumées. Elles survivent comme elles peuvent, chacune composant avec son propre caractère et la place qu’elles pensent avoir dans cette famille.
© Isabelle Broyard. Tous les droits réservés.
Il y a Kim (Amélie Amilhau), l’ainée. Elle est la raison, la force de caractère, le fil conducteur à une probable solution. Il y a Jo (Flavie Alaux), perdue, abasourdie et victime constante des propos de sa mère et puis Sherry (Hélène Gounot), la cadette qui tente de s’évader de ce foyer pesant par un comportement rebelle et excité. Trois personnalités prisonnières d’une même dictatrice, Evelyn (Eliane Bernard), brillante de sadisme et dont le besoin d’attention permanente va faire d’elle une véritable manipulatrice.
Independence, dont on n’a plus besoin d’expliquer le titre, est donc une pièce très réussie. Elle n’est pas seulement le témoignage lourd mais nécessaire d’une infime partie des rapports humains. Elle est aussi une ode à la sororité, une comédie amère et une jolie tentative…
Independence Une pièce de Lee Blessing mise en scène par Joël Coté. Avec Eliane Bernard, Amélie Amilhau, Flavie Alaux, Hélène Gounot…
Quand ? Jusqu’au 31 mai Où ? Manufacture des Abbesses > 7 rue Véron 75018 Paris Combien ? plein tarif 24 euros – tarif réduit 13 euros (étudiants, chômeurs et +65 ans) Réservation ici