Monet : 140 ans après la première exposition du tableau Impression, soleil levant, le musée Marmottan à Paris, revient sur son histoire. Pourquoi est-il à l’honneur et surtout pourquoi tant de fascination ?
Claude Monet, Impression, soleil levant.
1872
Huile sur toile
50 x 65 cm
Musée Marmottan Monet,
Paris
© Christian Baraja
Ancienne collection Ernest Hoschedé
Ancienne collection Georges de Bellio
Des murs rouges et feutrés, un soleil orangé, des bateaux prêts à partir, l’exposition « Impression, soleil levant » plonge les visiteurs au cœur de l’histoire du tableau éponyme. Une histoire qui ne retrace pas la vie artistique de Monet, mais bien celle d’une fascination. « C’est la troisième fois que je viens à l’exposition, je suis hypnotisée par ce tableau », raconte Denise Boulanger, retraitée. Depuis le 18 septembre l’exposition au Musée Marmottan lève le voile sur la grande histoire d’Impression, soleil levant. Les visiteurs se pressent devant ce port du havre qui a longtemps fait l’objet de mystères. Un tableau dans le brouillard, sans contour vraiment dessiné, et pourtant c’est lui la star de l’exposition. « C’est un vrai symbole, c’est la naissance d’un art », continue Martin Davy, habitué des expositions de Monet. En 1960, l’œuvre, est reconnue comme celle qui a symbolisé le mouvement de l’impressionnisme et se classe parmi les plus célèbres du peintre.
Une histoire romanesque
« À L’époque, ce tableau interroge les critiques d’art pour deux raisons : le travail de Monet change, ce n’est plus une nature idéale mais un effet de brouillard et le titre de l’œuvre prend le nom d’Impression. » explique Marianne Mathieu, chargée des collections au Musée Marmottan. Un titre évocateur repris péjorativement par un critique de l’époque : impression signifierait «œuvre incomplète ». La peinture, à l’occasion, de sa première exposition ne marque pas les esprits et tombe dans l’oubli. « Il est racheté en mai 1874 par un grand collectionneur, Ernest Hoschédé et est vendu 4 ans plus tard pour 210 Francs, sous le nom d’Impression, soleil couchant », raconte la chargée des collections. Le nom du tableau change plusieurs fois, il sera revendu en 1879 sous le nom d’ « effet de brouillard. » Comment ce même tableau perdu dans l’oubli a t’il pu devenir cette icône de l’impressionnisme ? Trois facteurs entrent en compte : Les collectionneurs touchés par l’œuvre, la mettent en avant, l’impressionnisme est de plus en plus apprécié et en 1955 paraît un livre : la Grande histoire moderne de l’impressionnisme. Impression, soleil levant devient alors un symbole chronologique. « En 1959, la peinture vaut plus de 50 millions de Francs » souligne Marianne Mathieu. En moins de 100 ans l’œuvre est passée de 210 francs à 50 millions.
La subtilité de cette toile fascine par son histoire mais aussi par la difficulté de connaître exactement la date et l’heure de sa création.
Soleil levant ou soleil couchant ?
L’orientation du soleil laisserait penser à un soleil couchant, mais selon les astronomes, le soleil se lève ainsi deux fois dans l’année à la mi- novembre et fin janvier. De quoi permettre une datation approximative. « Les voiliers et les vapeurs ne pouvaient traverser l’avant-port du Havre que durant trois ou quatre heures, au moment de l’étale de la marée haute », continue la chargée des collections. Cet élément précise l’heure à laquelle Monet a peint son Impression. Le bulletin météorologique publié par le Times en 1872, permet d’étudier la météo des semaines concernées. En concordant les déplacements de Monet et la météo, un astrophysicien américain, Donald W. Olson, a déterminé la date du 13 novembre 1872 à 7h35. Une identité temporelle certes, mais sans aucune mesure avec le pouvoir d’intemporelle fascination du tableau.
Infos pratiques : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h Nocturne le jeudi jusqu'à 21 h Plein tarif : 11 euros Tarif réduit : 6,50 euros