C'est la quatorzième fois que la Maison rouge s'allie à un collectionneur et montre au grand public l'intimité de collectes personnelles. Mise en abyme, c'est Hervé di Rosa qui, cette fois, élargit un écueil artistique que l'on a tendance à cérébraliser. Jusqu'au 22 janvier 2016, la Maison rouge sort des sentiers battus et offre l'expression d'un art modeste.
Hervé Di Rosa s'est fait connaître alors qu'il avait à peine vingt ans. Peintre français, il a contribué, dans les années 1980, à l'émergence d'un nouveau mouvement : la figuration libre. Sortir des carcans intellectuels de l'art contemporain alors en vigueur et se donner les moyens d'exprimer l'énergie du quotidien : voilà l'idée de cette nouvelle impulsion. Hervé di Rosa y retrouve notamment Rémi Blanchard, François Boisrond et Robert Combas. Ensemble, chacun à leur manière, ils magnifieront la fougue, la fureur et l'envie de cette société au tournant de sa quatrième révolution technologique (l'ère du multimédia). L'exposition Plus Jamais Seul revient sur la production artistique d'Hervé di Rosa, sur ses propres collections personnelles et sur le musée qu'il a créé en 2009, à Sète, le MIAM.
Mosaïque
Une esthétique particulière
Si l'art contemporain peut parfois avoir de quoi nous perdre allègrement, il est ici à prendre au premier degré. Grosses caricatures, couleurs criardes, traits marqués, sculptures lourdes et sujets souvent légers. Hervé di Rosa gonfle et exagère les traits humains. Depuis toujours, il collecte les comics, les bande-dessinées, les jouets. C'est de cet imaginaire coloré qu'est empreinte sa production, toujours marquée par l'enfance et ses programmes télé des années 1980. On y retrouve les fameux personnages de l'artiste : les Renés, les Simplons, les Deux Nigaugs, Monsieur Monde, les Rockers, les Classics... Tout un monde façonné à partir d'une iconographie foisonnante et humoristique. Les nez s'allongent ou s'arrondissent comme des pommes de terre, les ventres débordent, les silhouettes s'étirent, les yeux sortent de leurs orbites, se multiplient et les visages naïfs rient. Une plastique qui a tout du kitsch un peu patoche, totalement abordable et bon enfant.
Cabinet du Docteur Maguey, 2000, acrylique sur toile, 220 x 246 cm
Multiplicité de décors, multiplicité d'aventures
Si les influences viennent majoritairement de la culture pop de la fin du siècle dernier, la place des voyages est omniprésente. Par les moyens de locomotion, d'abord, qui tiennent une place centrale dans l'exposition (une salle qui saura ravir les grands et les petits avec sa collection de modèles réduits). La montgolfière, la voiture, le bus, le bateau... tout y est décrit et mis en forme. Le voyage se fait également par les cartes que l'artiste a dessiné, des plans où sont géo-localisés et divisés en régions les différents composants des arts modestes. Coupes scientifiques, schémas crâniens, radiologie du cerveau, cartographie de régions ou de montagnes : la localisation et la segmentation semblent essentielles au voyage pictural. On trouve également des cabinets de curiosités où les trophées ramenés d'épopées incroyables sont classés sur des étagères. On retrouve des éléments plus vraisemblables, des idées où l'ailleurs est bien reconnaissable. Le voyage rêvé ou réel se fait également par la multiplicité des matériaux employés et des médiums exploités : frises, posters, t-shirt, céramiques, sculptures, peintures, tapisseries... Hervé di Rosa est, sans conteste, un vrai touche-à-tout !
carte Arts Modestes #1
C'est quitte ou double : cette esthétique plait ou déplaît. Grossière parfois, facile et légère, elle est néanmoins exceptionnellement abondante. Drôle, elle peut être critique (on appréciera le rapprochement du couloir des pauvres débouchant dans le supermarché des arts modestes). Une exposition pour petits, grands, rabat-joies, pincés, décontractés et contractés.
-- Hervé di Rosa, Plus jamais seul La Maison Rouge, 10 boulevard de la Bastille, 75012 Paris Jusqu'au 22 janvier 2017 Plein tarif 10€, tarif réduit 7€