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Herb Ritts : jeux de matières et lumières à la Maison Européenne de la photographie

10 octobre 2016, par Untitled Magazine

Jusqu'au 30 octobre, la MEP accueille les travaux d'Herb Ritts, grand photographe de mode des années 80-90 et joueur passionné : éléments naturels, corps, matières et lumières se mêlent dans une exposition irradiante. 

Herb Ritts est né en 1952, sur le plaines d'une Californie ployant sous les rayons d'un soleil à son zénith. De cette lumière chaude et de ces grands espaces, il fera les composantes principales de son travail de photographe, qui commencera un peu par hasard au cours de l'année 1978. En octobre, le magazine de mode Vogue publie un portrait de l'acteur Richard Gere, planté au milieu d'un vieux garage et flanqué d'un marcel blanc très moulant. Cette publication va marquer le premier pas glorieux d'une carrière qui se révèlera longue et emblématique...

Lumières et matières : moduler les éléments

L'exposition de la Maison Européenne de la Photographie est organisée avec goût, et laisse apparaître dans un ordre logique les différentes facettes d'un photographe multiple : d'abord, son travail pour la photographie de mode, suivi dans une pièce attenante par ses clichés plus spontanés en Afrique. Dans un espace opposé, on retrouve son travail le plus connu, celui qui rassemble sous son objectif révélateur les super model des années 90 (Campbell, Moss, Crawford) ainsi que les stars de l'industrie culturelle Américaine, de Madonna déguisée en Minnie à Glenn Close maquillée en clown. On découvre, aussi, dans un petit recoin sombre, son talent pour la vidéo, qui fait répondre au mouvement des corps qui nagent les ondulations d'une queue de baleine.

"Glenn Close" © Herb Ritts Foundation "Glenn Close" © Herb Ritts Foundation

Car des corps, Herb Ritts en fait son terrain de jeu. Il pétrit la matière humaine pour en faire un médium souple, sur lequel se pose une lumière qu'il sait choisir. Il peint le vivant en noir, l'accompagne de bulles, le recouvre de l'écorce épaisse d'un voile (Tatiana veiled head), laisse apparaître ses poils et ses gouttes de sueur. Les corps perdent leurs têtes à la faveur du cadrage ou de la position adoptée, et s'embrassent au cours d'une étreinte volée. Unique, le photographe parvient à tisser des lignes magnifiques entre ces corps qu'il photographie et l'environnement dans lequel il choisit de les immerger : on découvre ainsi un nœud de pantalon qui suit la ligne d'une colonne vertébrale, un corps qui se renverse au rythme des vagues (Floating torso), et d'autres, encore, qui épousent les courbes d'une dune naturelle (Duo I Mexico). Des peaux qui se fondent tellement bien que, parfois, le corps finit par ne faire plus qu'un avec l'élément qu'il est censé mettre en valeur... (Alek wek Los angeles, 1998).

© Herb Ritts / Alek Wek, Los Angeles, 1998 © Herb Ritts / Alek Wek, Los Angeles, 1998

L'amateur d'art, épris de renouveau

Créateur absolu, la MEP nous offre aussi, à la faveur d'un petit photomontage vidéo qui trône au milieu des cadres photo, les clés d'influence du photographe. S'il collectionnait les matières dans son appareil, c'était les corps prisonniers d'autres photographes qu'il accumulait avec passion chez lui : grand amateur d'art, sa collection comprenait des photos de Pierre Molinier, Eadweard Muybridge (dont on sent l'influence dans la série de photos consacrée à Bill T Jones), Irving Penn, George Platt Lynes... Un photographe inspiré qui a toujours, à toute épreuve, montré sa capacité à se renouveler, que ce soit pour photographier les courbures d'une robe Versace en 1990, ou bien pour capturer le regard enfantin de Travolta et celui, provocateur, de Denzel Washington . Des regards francs, qui nous traversent de leur air décidé ou de leurs rires aux éclats...

© Herb Ritts, Bill T. Jones (Ascent of Man), Los Angeles 1995. © Herb Ritts, Bill T. Jones (Ascent of Man), Los Angeles 1995.

La photographie d'Herb Ritts est définitivement une photographie transparente, qui laisse ses lumières et ses matières épouser leur médium et le regard du spectateur, confondu dans le tourbillon puissant d'un artiste résolument novateur. -- "Herb Ritts, en pleine lumière" A la Maison Européenne de la Photographie 7 rue de Fourcy, 75004 Paris Jusqu'au 30 octobre 2016


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