Non, le génie à qui l’on doit nombre de chefs d’œuvre littéraires ne renie rien. Ni sa réputation, ni ses rêveries, ni ses frasques. C’est en 1954 que Mademoiselle Quoirez, que le public reconnaîtra sous le pseudonyme de Françoise Sagan, propose aux éditions Julliard le manuscrit d’un court roman, Bonjour Tristesse. Un an après la parution, le tirage atteint un million d’exemplaires en France et sa jeune auteure de dix-huit ans est alors célèbre dans le monde entier. La suite, on la connaît, ou du moins on croit la connaître. Argent, alcool, boîtes de nuit, voitures de sport… Cette histoire apparemment limpide semble se résumer au simple destin d’une artiste grisée par la gloire.
En toute liberté et honnêteté, Françoise Sagan porte dans ces entretiens un regard lucide et sincère sur sa vie, ses goûts, ses choix, son œuvre. Petit à petit se dessine une figure des plus attachantes, loin de l’image provocatrice qui a pu émaner de ses excès. Sa formidable franchise confère à ses propos une cohérence inouïe et permet de s’immerger dans son univers, de son enfance aux années de succès. Sans regretter ni désavouer son parcours, Françoise Sagan se confie aux journalistes et évoque son « masque », sa légende, ses réflexions sur l’amour, la littérature, la vie.
Et, entre bons mots et confidences, le lecteur est, 60 ans plus tard, toujours aussi conquis par cette auteure plus que jamais libre.
Je ne renie rien, Entretiens 1954-1992, Françoise Sagan, éditions Stock, 19 euros.