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Focu : Mael Baussand, douceur féminine du corps à la galerie Jed Voras

25 février 2016, par Untitled Magazine

La galerie Jed Voras insère dans son programme, le parcours du collectif BLBC qui questionne le médium de la photo numérique autour de quatre expositions étalées sur l’année 2016.

Nous en sommes au deuxième volet et l’exposition titre l’ « image fluide ». Si la thématique globale de ce cycle est de s’intéresser aux mythologies de la photographie, nous avons affaire aujourd’hui à une découverte de l’image comme médiatrice texturée du monde. A l’instar de la peinture qui revendique aussi bien sa trace que son geste (toute propension gardée), le collectif BLBC choisit d’interroger la texture infante du numérique. Nombre de clichés et projets exposés sont intéressants dans cette visée (Kramer O’Neill, Clara Baudry ou Alban Guerry-Suire), mais un a attiré notre attention : celui de Maël Baussand.

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Tissus de beauté

Jeune artiste, jeune photographe, Maêl Baussand enferme dans son appareil photo un monde délicat à la réalité insoupçonnée, insoupçonnable. La série présentée ici, Dentelles, propose neuf photographies douce de couleurs, plans serrés, difficilement accessible où l’on devine sans voir, où la texture pareille à du tissu évoque le moelleux des lieux où l’on s’adonnent à la sensualité, à l’extase du sommeil, à la lascivité des sens. Le touché semble doux, rassurant. Le jeu des camaïeux de rouge, couleur charnelle, rencontre la pureté du blanc, innocence virginale. Ces couleurs associées dans une féminité absolue appellent la délicatesse et l’ambivalence connue des femmes : tempêtes formidables, feux insolents, divinités réconfortantes et douceurs givrées. Ornement délicats, les tissages évoquent des cols des robes d’autrefois, le charme d’une intimité mystérieuse dissimulée sous de délicates dentelles.

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Rouge baiser

Pourtant, le rouge n’est pas ici couleur de passion ni le blanc celle de candeur. Ces gros plans sont des « abstractions macrophotographiques » comme les appellent l’artiste elle-même, des gros plans de tampons et de serviettes usagées. Votre cœur se serre, votre sourire s’éteint, et pourtant la finesse de ces dentelles ne s’efface pas. Les menstruations sont ici abordées de façon complètement novatrice. Loin des revendications enragées des années 70 de Valie Export, de Gina Pane ou d’ORLAN qui provoquent le choc et portent au point cette violence parfois nécessaire, les photographies de Maël Baussand sont sincèrement douces. Elles interrogent ce tabou réprimé, ce sang détesté synonyme de vie et indicateur de mort. Oxymériques, ces images dérangent et laissent le spectateur dans un étrange sentiment paradoxal : la beauté du cliché s’oppose à la dureté du sujet.

Le seul problème dans cet accrochage serait les cadres. Larges plaques de bois brut, ils se voulaient pareil à des écrins. Loin de ces coffrets de velours renfermant des bijoux, ils ressemblent davantage à des cercueils… Un effet qui brusque la pureté de la photo mais qui n’enlève rien à la fascination suscitée.

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Galerie Jed Voras 14 février – 15 mars 18 Rue de Patay 75013 Paris




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