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Des métamorphoses pas si magiques - critique du film de Christophe Honoré.

23 septembre 2014, par Untitled Magazine

metamorphoses

Dans une banlieue du Sud de la France, un jeune homme débarque en camion devant un lycée et enlève une adolescente, Europe, pour la conduire dans la forêt. Entre deux parties de jambes en l’air, il lui raconte les métamorphoses dont lui et sa famille furent les instigateurs entre la terre et l'Olympe, les hommes et les dieux.  C’est dans un univers pop et délabré - entre baskets Nike et cité-moche -, qu’Honoré anime par exemple la jalousie légendaire d’Héra qui transforme en génisse les amantes de Jupiter, retranscrit le mythe de Narcisse en racaille frimeuse et suicidaire ou bien rejoue le mythe de Tirésias, le devin hermaphrodite. Mais n’adapte pas Ovide qui veut.

Quelques années après avoir s’être attelé à La belle personne, retranscription moderne de La princesse de Clèves, Christophe Honoré signe une adaptation des Métamorphoses, long poème épique d’Ovide. Si La Belle personne pouvait à dessein retranscrire les passions amoureuses, la séduction et les regards pesants des uns des autres dans une cour de récréation franchement pas si éloignée de la cour d’Henri III, recréer une Olympe et mettre en scène des histoires divines est un pari osé. Honoré a pris le parti d’une diction presque théâtrale pour le groupe de jeunes acteurs qu’il dirige, mais cette diction ne fait que renforcer l’impression d’un jeu un peu forcé, un peu faux. « Europe, je t’enlève ! » On ne comprend ni d’où ça vient, ni pourquoi ; et les silences qui pourraient être poétiques ne donnent plus qu’un sentiment d’ennui. L’économie de dialogues frôle la pauvreté et le côté théâtral flirte avec le superficiel car si l’œuvre initiale donnait à penser les rapports entre les hommes et les dieux, interrogeait sur la faute, la justice et l'injustice avec humour, il ne semble pas y avoir de direction particulière pour le film.

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Il est vrai que dans cette Arcadie qui côtoie des aires d’autoroutes et des barbelés, on reconnaît à certains plans une beauté picturale. On pense, par exemple à Philémon et Baucis changés en arbres pour ne pas voir l’un mourir avant l’autre. Au pied d’une rivière, Europe fait la sieste en petite culotte sur leurs branches tendrement entrelacées.  Certains choix esthétiques – de corps hybrides, pas franchement canoniques ou de paysages misérables - montrent bien que chez Christophe Honoré, le beau est toujours bizarre mais indéniablement, il manque quelque chose. Celui qui aura lu les Métamorphoses trouvera l’adaptation fantaisiste et provocante, et celui qui ne les connaîtra pas sera perdu par manque de référent. Somme toute, faire de la pop avec de la poésie est dangereux et la magie n’opère malheureusement pas à tous les coups.




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