De toutes mes forces raconte l'histoire de Nassim (Khaled Alouach), placé dans un foyer après la mort de sa mère. Rapidement, le jeune ado aux allures de dandy joue à l’équilibriste entre sa nouvelle vie au foyer et ses études dans un lycée parisien. En faisant comme si de rien n'était pour empêcher les deux mondes de se rencontrer, il s'attire des problèmes, notamment auprès de la directrice du foyer (Yolande Moreau).
Prisme adolescent
En mettant en scène Nassim, Chad Chenouga oppose la réalité de deux classes sociales complètement opposées. Refusant au départ de se mêler aux jeunes du foyer avec lesquels il n’a aucune affinité, le jeune ado s’attache pourtant à la sincérité de leurs pulsions. Les deux milieux, incompatibles, finissent rapidement par empiéter l’un sur l’autre dans les relations de celui-ci.
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Filmer le milieu des foyers sociaux via le prisme des enfants qui y vivent permet en partie au réalisateur de retracer son parcours autobiographique, tout en dévoilant certaines difficultés vécues comme dans 17, rue bleue. De l’obsession des enfants pour leur dossier qui retrace chaque élément d'anormalité chez eux, aux sentiments d’injustice ressentis envers les règles imposées par un système social qui leur est incompréhensible... Le point de vue sociologique et psychologique des éducateurs sociaux, souvent mis en avant au cinéma pour rappeler au spectateur une réalité larmoyante, est cette fois habilement laissé de côté -ne transparaissant qu'à un seul moment, lorsque Nassim jette un œil en douce au dossier d’une amie. Un plan amer et bref qui rappelle brièvement les légitimités de ce système ainsi que la maturité du sujet sans pousser à l'émotion.
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Un scénario à deux vitesses
Pourtant le juste milieu n'est pas atteint non plus : les tribulations de Nassim lassent assez vite et font oublier la maturité du sujet. Les seuls points dignes d’intérêt se déroulent au foyer, et tout sonne faux dès que la caméra en sort pour explorer sa vie parisienne. Dommage, quand le scénario se base justement sur la confrontation des deux milieux. Enfin, De toutes mes forces aura du mal à se détacher de l’impression maladroite causée par des dialogues mal agencés auxquels personne -pas même les acteurs- ne croient.
https://youtu.be/9vFQZI7uH_k