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Critique : "Yogananda", un film de Paola Di Florio et Lisa Leeman

25 mars 2016, par Untitled Magazine

Pour leur première réalisation, Paola Di Florio et Lisa Leeman mettent en scène le récit d'une vie, celle de Paramahansa Yogananda, providentiel personnage qui a permis aux techniques de yoga et de méditation de s'exporter en Occident (et notamment aux EU) dans les années 1920. Grâce à son best-seller mondial, Autobiographie d'un yogi, sa spiritualité servit d'inépuisable source d'inspiration pour grand nombre de yogis et de célébrités comme Steve Jobs, Russell Simmons ou encore George Harrison. Pour rendre compte de cette étonnante popularité qui fit de lui un véritable gourou, les deux réalisatrices livrent un film (un peu trop) expérimental, très loin d'atteindre le stade « de voyage d'éveil profond » ambitionné au départ.

©https://www.awaketheyoganandamovie.com/ Première conférence de Yogananda aux Etats-Unis ©https://www.awaketheyoganandamovie.com/
Première conférence de Yogananda à New York City

Tout le caractère expérimental du film repose dans la volonté des deux réalisatrices de ne pas faire un film « seulement informatif ». Il faut du grandiose, des couleurs hypnotiques et de l'éveil de conscience pour parler du saint homme. Malheureusement, le film n'a rien gardé de la transcendance supposée du maître yogi. Le montage véhicule tous les clichés occidentaux sur la pratique ancestrale du Yoga, sur l'Inde et même sur les Etats-Unis des années 30 : pour évoquer le yogi, nombre d'images dans des tons orangés se superposent à des musiques méditatives indiennes et à des chants gutturaux ; pour illustrer les Etats-Unis, une projection d'images du « materialistic State » s'enchaînent rapidement, du président au porte-avion sur fond de musique années 20 à la Fletcher Henderson. On a globalement l'impression d'être plongés dans une playlist youtube pour la méditation, matinée des tons colorés de saris qui servent de fond à l'apparition providentielle de cette figure trop filmée en contre-plongée.

©https://www.awaketheyoganandamovie.com/ Un Frère Vishwananda de l'association "Self-realization" dans les montagnes Himalayennes ©https://www.awaketheyoganandamovie.com/
Un Frère Vishwananda de l'association "Self-realization" dans les montagnes Himalayennes

Si l'on est déçus par cette expérience mystique ratée, on apprécie la densité de la documentation. On apprend ainsi que lors de sa première conférence à Los Angeles, Yogananda rassemble autour de lui plus de 6000 personnes, et qu'il décide plus tard de quitter le pays, excédé par la surveillance d'un gouvernement qui n'a pas apprécié son soutien aux populations noires : on est plongés dans la violence et l'intolérance de la société américaine des années 30-40, qui finit par haranguer le maître yogi à coup de « Chassez l'hindou ». Le film souligne aussi le rôle avant-gardiste du yogi qui parlait déjà de neuroplasticité 50 ans avant les médecins et rappelle sa création conceptuelle autour de ce qu'il appelait The self-realization, une méthode permettant de recharger le corps et l'esprit avec l'énergie cosmique.

©https://www.awaketheyoganandamovie.com/ Yogananda aux côtés de Ghandi ©https://www.awaketheyoganandamovie.com/
Yogananda aux côtés de Ghandi

L'arrivée du yoga en occident est montrée comme une incidence de la vie menée par cet homme, grand ami de Gandhi et influence majeure pour de nombreuses personnalités comme le financier James Lynn, ou encore le chanteur George Harrison qui déclare dans un témoignage poignant que « ce livre a donné un sens à sa vie » : on s'éloigne de la conception actuelle du yoga pour revenir aux sources d'une pratique qui se déploie plus comme une introspection méditative que comme un sport efficace. Cette impression de retour aux sources est facilitée par la narration en première personne, Yogananda étant mis en scène en train de faire lui-même le récit de sa propre vie : il évoque ses visions, ses prémonitions, son lien très fort avec son guru Sri Yukteswar Giri, son attachement aux montagnes indiennes... On garde en tête l'image d'un film très puissant quand il se rapproche de ses ambitions documentaires, beaucoup plus décevant quand il tente de passer le pas de la créativité.

https://www.youtube.com/watch?v=MdnrP1fMn7I


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