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Critique : Une Promesse, un film de Patrice Leconte

24 mai 2014, par Untitled Magazine

En décidant d’adapter à l’écran une nouvelle de Stephan Zweig, Patrice Leconte faisait un choix on ne peut plus audacieux : plus que de faire un « bon film », il s’agissait dès lors de réaliser un long métrage à la hauteur de Voyage dans le passé. Pari risqué pour un défi pourtant plutôt très bien relevé.

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Car qu’est-ce que ce merveilleux récit du Voyage dans le passé sinon une histoire très simple sublimée par des sentiments intenses, dans une tension permanente entre retenue et explosion ? Patrice Leconte devait alors mettre son talent au service de l’émotion, afin de transposer au mieux à l’écran ce que Stephan Zweig exprimait brillamment avec ses mots.

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Et si l’auteur autrichien peut se contenter de sa plume pour délivrer cette charge émotionnelle, le réalisateur français a quant à lui choisi d’associer plusieurs formes d’art.

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La musique tout d’abord, qu’elle soit intra ou extra diégétique, est omniprésente. Ainsi, la bande originale participe à la création d’une atmosphère romantique tandis que la mélodie régulièrement jouée au piano par Lotte accompagne les personnages dans la découverte de leurs sentiments.

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Mais ce n’est pas tout, loin de là. Patrice Leconte livre un film particulièrement pictural. La peinture apparaît comme primordiale dans la vie des Hoffmeister et certains tableaux de la demeure sont de véritables liens entre Lotte et Friedrich. Dans un processus de mise en abîme esthétique, le film emprunte lui-même à la peinture et s’apparente à un tableau dans la mesure où Patrice Leconte confie s’être particulièrement « attaché à cette chose essentielle qu’est la lumière ». Les prises de vue permettent ainsi de mettre en valeur les décors et les costumes mais aussi les jeux de regard entre les personnages.

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Et cela est loin d’être anodin. En cherchant à sonder le cœur humain, ses contradictions et toutes ses complexités, le réalisateur ne pouvait se contenter d’un casting médiocre. Rebecca Hall est plus que convaincante dans son rôle de jeune femme tendre mais déterminée, épouse dévouée et fidèle et pourtant brûlante de désir adultère.

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De même, Richard Madden parvient à camper un personnage méritant, dont la réussite ne s’explique que par un travail acharné. Ses traits durs et parfois sombres traduisent un esprit préoccupé, partagé entre désir et sens de la loyauté.

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Quant à l’excellent Alan Rickman, il laisse subtilement planer l’ambiguïté propre à son personnage qui, tout en souffrant de la situation, se fait complice protecteur des futurs amants. La retenue et la finesse dont font preuve les trois acteurs donnent donc à cette histoire d’amour majoritairement platonique toute son ampleur et sa profondeur.

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Mais si Patrice Leconte parvient donc à mettre en place divers procédés pour adapter à l’écran le génie littéraire de Stephan Zweig, il ne s’interdit pas quelques modifications de l’œuvre originale. Car adapter ce n’est pas uniquement retranscrire, traduire. Dans son livre, l’auteur ne se contente pas de relater une histoire d’amour déçu, il livre une réelle réflexion sur le devenir des sentiments face au temps destructeur. En grand pessimiste, il apporte une réponse on ne peut plus tragique : en passant, les années affaiblissent le feu de l’amour jusqu’à l’éteindre tout à fait. Friedrich refait ainsi sa vie au Mexique et, après neuf ans de séparation forcée, les retrouvailles avec Lotte ne sont pas à la hauteur de leurs espérances. Le passage à l’écran suppose ici un changement de point de vue, déjà annoncé dans le titre. Si Stephan Zweig insiste sur le passé, par définition révolu, et donc sur l’irréversibilité du temps, Patrice Leconte met en avant la notion de promesse et donc d’espoir en l’avenir.

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Promesse tenue, donc, par les personnages et leur réalisateur.




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