Le film s’amorce sur trois enterrements auxquels assiste une seule et même personne, John May. Voici un sujet qu’on pourrait croire bien déprimant! Après tout, le travail de John est de rechercher les proches de défunts pour qu’ils assistent aux enterrements dans la banlieue londonienne. Il s’investit alors d’une mission, quand les autres n’y verraient qu’une fatalité pouvant être ignorée par les vivants.
Le protagoniste mène avec passion une véritable investigation pour tenter de comprendre au mieux la vie du mort, laissé pour compte, et va jusqu’à écrire son éloge funèbre. Lorsque son travail est jugé trop lent et coûteux, on lui autorise une dernière affaire dont les recherches le conduiront à faire des rencontres touchantes, et s’interroger sur son propre rapport au monde.
Uberto Pasolini signe ici un film poétique, tout en finesse, monté en plans fixes pour rendre compte du cadre dans lequel son personnage méticuleux s’enferme. D’ailleurs, ce côté maniaque n’est pas sans faire penser à Hulot de Jacques Tati (Playtime, 1967) qui porte le même regard curieux et fascinant sur les choses qui l’entourent. Incarné par un formidable Eddie Marsan dont l’interprétation joue sur la retenue, John prend conscience au fur et à mesure de sa quête que sa lutte contre l’indifférence des morts le conduit à vivre non plus une «still life» (titre anglais du film, que l’on traduit par «nature morte» en peinture), mais une vie en mouvement. Une vie, dont la belle fin sera chargée d’une douce ironie.
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