UNTITLED MAGAZINE
Le Grand Jour de Pascal Plisson retrace dans ce documentaire une période majeure de la vie de chacun de nous : celui d'un examen déterminant qui pourrait changer notre futur. Le cinéaste a eu l'idée de ce film alors qu'il rentrait d'un voyage en train, intrigué par un jeune garçon seul avec son instrument qui lui expliqua que ses parents avaient économisé pour lui payer le billet lui permettant de se rendre dans un grand conservatoire de musique passer un examen d'entrée. Plus tard, Pascal Plisson se renseigna auprès de l'école pour savoir si l'apprenti musicien avait réussi l'épreuve : ce fût le cas.
C'est cette anecdote qui donna le point de départ de son documentaire Le Grand Jour. Dans ce film le réalisateur suit trois enfants et un jeune homme : Nidhi, une étudiante Indienne voulant entrer dans une école de sciences, Albert, un petit prodige du ring de boxe, Deegii, une fillette contorsionniste mongole et Tom, un futur ranger Ougandais.
Le Grand Jour se veut dans la lignée des précédents films de Pascal Plisson : un documentaire humaniste et optimiste. Une leçon de vie. En choisissant volontairement de suivre quatre personnages venant de familles modestes (voir pauvres), Pascal Plisson montre que chacun peut s'en sortir avec les capacités qu'il développe. Que ce soit des talents en sciences, un certain goût pour le combat ou la maîtrise de son corps, tous les protagonistes sont passionnés par un domaine et veulent s'en sortir. Même si les quatre portraits ne se valent pas, certains étant mieux maîtrisés que d'autres, impossible de se montrer insensible face à ces histoires. Le fond de Le Grand Jour est bon. On attend assez impatiemment le dénouement des épreuves que ces prodiges sont sur le point de passer, le point de vue documentaire aidant à faire preuve d'une certaine empathie pour eux : la réalité vient nous frapper et nous rappeler que, dans d'autres pays, un enfant pauvre ne peut que le rester si on ne lui donne pas les armes pour s'en sortir. Le savoir est la clé d'un avenir meilleur.
Ce qui pêche un peu dans Le Grand Jour c'est la forme. Malheureusement tout est trop convenu et le spectateur se retrouve parfois assaillit de bons sentiments, poussé à s'émouvoir à chaque fois. Les témoignages face caméra des parents, larmes aux yeux, fiers de leurs enfants, sont souvent trop appuyées. C'est le parti pris du cinéaste, qu'on adhère ou pas, d'avoir voulu ménager le spectateur et de vouloir le sensibiliser à chaque scène. On peut critiquer cette prise de position un peu facile sans oublier de se mettre à la place de nos héros et de la vie compliquée et pleine d'épreuves qu'ils mènent. On regrette que Pascal Plisson n'ait pas décidé de faire preuve de suspens dans son montage, d'avoir filmé de manière un peu trop formel, avec le risque de perdre le spectateur. Beaucoup de documentaires abordant des sujets sérieux n'oublient pas de manier le fond et la forme. Ici ce n'est malheureusement pas le cas.
Le Grand Jour se laisse voir, ce documentaire ne changera pas la face du monde mais est un rappel nécessaire de la chance qu'on possède dans un pays développé de faire des études et s'élever socialement, s'offrir un avenir radieux au prix des efforts de nos parents. Pour atteindre la perfection Pascal Plisson aurait dû se montrer plus audacieux quant à sa manière de filmer son sujet déjà très intéressant. Le film repose beaucoup plus sur ses quatre personnages attachants que la capacité du cinéaste à les filmer.
