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Critique : The Strangers, un film de Na Hong-Jin

1 juillet 2016, par Untitled Magazine

Avec The strangers, le coréen Na Hong-Jin nous livre un film à la fois angoissant, hilarant et complètement aliénant grâce à une réalisation de maître.

Le meurtre. Inexplicable et brutal, il se répand dans un petit village de Corée comme la peste noire au XVIe siècle. La police est incompétente, le tueur impossible à identifier, les villageois ont des hallucinations et les victimes sont dans un état tel que l'incompréhension et la terreur gagnent petit à petit le village. On commence alors à soupçonner un vieux Japonais qui vit depuis peu en ermite dans les bois ; accusé de sorcellerie, on fait venir un chaman dans le village pour exorciser cette force maléfique. Aveugle à tous ces fondements surnaturels, Jong-gu (Kwak do Won), un policier sur l'affaire, ouvre les yeux lorsque sa famille commence à être touchée par le responsable...

© Droits Réservés © Droits Réservés

Na Hong-Jin et le mélange des genres

Comme dans ses précédents films, et même si le genre a changé, Na Hong-Jin creuse sa narration d'une tension presque irréelle. Pas un moment de pause ; lorsqu'un corps est enterré, un autre est découvert ; lorsqu'on pense trouver le meurtrier, un autre se manifeste ; la noirceur est plus noire que noire dans ce film qui se plait à faire passer son intrigue du fait divers au conte surnaturel. Complètement inclassable, The Strangers nous transfère en un rond de jambe du film de genre au thriller sombre, du gothique au dramatique et du comique au tragique. Le personnage principal, interprété par le génial Kwak Do Won, se présente d'ailleurs comme un étrange reflet du spectateur : Perdu, empoté et pétri d'incertitudes, il ne sait jamais à quel saint se vouer et se retrouve jusqu'à la fin du film tiraillé par une hésitation qui le mènera (peut-être ?) à sa perte.

© Droits Réservés © Droits Réservés

Un spectateur malmené

Et c'est bien sur cette incertitude qui tenaille le spectateur que Na Hong-Jin a décidé de jouer. Celui que l'on considère en Corée comme « un réalisateur maléfique » manipule son spectateur du début à la fin en taquinant son attachement aux personnages. Le point de vue narratif se place du côté de Jong-gu, qui ne cesse de douter et emmène le spectateur dans une spirale de revirements affectifs épuisants. Doit-on tirer sur le japonais, sur la mystérieuse dame blanche ou sur le chaman ? Les pièces du puzzle ne s'imbriquent jamais qu'à la fin, après nombre de comptes à rebours, de hurlements, de regards profonds et d'esclandres folles. Cette tension parfaite, Na Hong-Jin la mène avec une subtilité rare, justement soulevée par de petites alcôves d'humour qui permettent de ne pas étouffer sous le poids du stress.

Avec The Strangers, le réel, le doute et le surnaturel se tiennent la main dans une danse aussi angoissante qu'elle peut être comique, magnifique folklore inconfortable et subtil qui propulse Na Hong-Jin dans des sphères de réalisation difficilement atteignables.

https://youtu.be/OEPX9SLwgeY


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