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Critique : "The lobster", un film de Yorgos Lanthimos

1 décembre 2015, par Untitled Magazine

Une société dystopique à la limite du totalitarisme dans laquelle le refus du célibat oriente tous les rapports sociaux. C'est le cadre dans lequel se déroule l'intrigue de The Lobster, nouveau film de Yorgos Lanthimos. On y fait la rencontre de David, quarantenaire bedonnant récemment séparé de sa femme, contraint de suivre un programme de quarante-cinq jours dans un hôtel pour célibataires. Quarante-cinq jours, c'est le temps dont il dispose pour trouver une conjointe, sous peine d'être transformé en l'animal de son choix (dans son cas, un homard...). Etouffé par ce cadre oppressant, David quitte la structure institutionnelle pour se plonger dans une structure marginale : celle des Solitaires, dont l'organisation repose sur l'exclusion de toute relation amoureuse. David fait alors une rencontre inattendue.

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Connu pour ses productions atypiques évoquant différentes questions de société (Alps, ou plus récemment Canine détenteur du prix « Un certain Regard » en 2009), Yorgos Lanthimos centre cette fois-ci sa réflexion sur le développement des relations amoureuses au sein d'une société normée. Prix du jury au 68e festival de Cannes, le casting y est international : d'une majorité britannique réunissant Colin Farrell, Rachel Weisz et Ane Coleman, aux actrices françaises Ariane Labed et Léa Seydoux en passant par l'actrice grecque Angeliki Papoulia. Le réalisateur signe son premier film en anglais, et le ton s'en ressent : A la froideur chirurgicale de ses films précédents se substitue une atmosphère aseptisée certes, mais mâtinée d'humour noir à l'anglaise. On pense à ce moment où la cheftaine du groupe des Solitaires, interprétée par une Léa Seydoux blafarde, explique le fonctionnement de son groupe à David : « Nous dansons seuls. C'est pourquoi nous n'écoutons que de la musique électronique ». Des pointes humoristiques et caustiques, une musique glaçante qui mêle aux violons cinglants de Stravinsky et Chostakovitch la voix brisée d'un Colin Farrell interprétant « Where the wild roses grow » de Nick Cave, auxquels s'ajoutent une narration saccadée et des dialogues aussi secs qu'impersonnels : tous les ingrédients sont réunis pour susciter l'inconfort. On rit jaune et l'on détourne parfois le regard à la vision de scènes crues et violentes, qui contrastent étrangement avec la calme beauté du cadre irlandais dans lequel le film a été tourné.

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On regrette une deuxième partie beaucoup plus lente que la première, où la musique se fait plus rare, l'humour plus discret, et le génie caustique moins apparent. Tout s'accélère à nouveau à la fin, pour le plus grand bonheur des spectateurs. Un film qui pose des questions intéressantes sur les relations amoureuses à envisager dans un cadre social contraint, sans pour autant donner de réponse claire. On en sort perturbé, non sans jouir d'un plaisir absurde et quelque peu honteux : l'expression signifiante d'une expérience sublime ?

https://www.youtube.com/watch?v=Sba-lPZeRJs


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