The Lesson s’inscrit dans une tradition cinématographique qui ne date pas d’hier : celle de filmer la réalité et les drames sociaux des classes fragilisées et ce qu’importe le pays. C’est ce pari audacieux que Petar Valchanov et Kristina Grozeva ont décidé de relever en mettant en scène ce film traitant des problèmes liés à la société Bulgare comme la corruption, le manque d’argent, la précarité ou encore la pauvreté spirituelle qui touchent le pays.
© Good Films. Tous les droits réservés.
Dans The Lesson, la principale préoccupation est l’argent. C’est cet argent et les problèmes que celui-ci entraîne qui vont faire sombrer notre héroïne, Nadezhda (jouée par Margita Gosheva), dans une véritable spirale infernale. L’introduction s’ouvre sur une phrase en Anglais et nous montre ce professeur des collèges tenter de régler un vol dans sa classe, évènement qui fera écho aux situations à venir pendant 1h45. On ne compte plus les scènes où Nadezhda ouvre son porte-monnaie, fait tomber des pièces, en ramasse, donne et prend des billets… L’argent est comme une entité à part entière guidant la vie de cette mère de famille prête à tout pour sauver sa maison sur le point d’être saisie. A travers des choix esthétiques qui tendent vers la simplicité, le duo de réalisateurs renforce le côté réaliste du récit et les plans serrées nous font partager la vision de Nadezhda. Seule face aux problèmes financiers que son mari a provoqué à cause d’un emprunt, The Lesson suit sa lutte solitaire face aux hommes véreux et mauvais qu’elle croise.
Car dans son propos le film pointe du doigt des figures masculines corrompues (sans se montrer agressif vis-à-vis des hommes) qui prospèrent et font régner la loi dans la province de Bulgarie où se déroule l’action. Nadezhda combat seule ces individus qui n’hésitent pas à la menacer ou mettre à mal ses valeurs. Malgré la présence de son mari et sa fille notre héroïne fait preuve d’une grande solitude face à ses problèmes et The Lesson dresse le portrait d’une femme forte, toujours réservée dans ses émotions mais dont la force de caractère se fait ressentir dans le jeu de Margita Gosheva.
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L’autre tragédie de The Lesson est le désarroi de ce professeur intelligent, cultivé, face à la pauvreté financière que son travail ne permet pas d’éviter. Petar Valchanov et Kristina Grozeva nous donnent une image de la Bulgarie où beaucoup d’érudits ne trouvent pas leur place et se retrouvent dans des situations difficiles, sans emploi. Même en offrant ses services de traductrice à une société Nadezhda n’est pas sûre de recevoir un salaire et les nombreux reports de paiement de son patron montrent que là-bas, même le savoir n’est pas un rempart contre la misère.
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Malgré sa longueur le récit brille par sa construction. The Lesson prend son temps, tous les détails ont leur importance et les relations sont beaucoup plus complexes qu’on ne peut le penser, notamment entre Nadezhda et son père. Le choix des réalisateurs de ne pas utiliser de musique permet au spectateur de ne pas être influencé dans ses émotions et le laisser simplement suivre tout le tumulte de la vie de cette mère de famille. Il faut aussi préciser que malgré son sujet sérieux, The Lesson s’offre parfois de petites pointes humoristiques. Un parfait équilibre entre comédie et tragédie.
Ce sont tous ces éléments qui font de The Lesson un bon film. Un film maîtrisé dans son esthétique, le jeu de son actrice principale et offrant une vision des classes défavorisées Bulgare étrangère au spectateur en général. En dehors d’une fin un peu décevante et tirée par les cheveux le récit est prenant de bout en bout et offre des scènes d’une grande beauté.