Sebastian / Ellie est une jeune femme transgenre. Peu importe ce que lui renvoie la société, elle assume pleinement son identité. Lorsqu’elle rencontre Andréas, elle en tombe amoureuse mais ce dernier, qui n’est pas gay, la considère comme une amie. Alors que leur relation s’intensifie, il commence à être de plus en plus troublé. S’engage alors une lutte interne vers l’acceptation de son amour pour Sebastian / Ellie. Mais elle n’est pas prête à l’attendre longtemps et est bien déterminée à tracer sa route seule si jamais Andréas ne se décide pas.
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Something must break est le premier long métrage de fiction de la cinéaste suédoise Esther Martin Bergsmark. Avant de tenter l’expérience de la fiction, elle avait déjà réalisé deux longs tous deux couronnés : Maggie in Wonderland en 2008, qui avait reçu le prix Guldebagge (le César suédois du meilleur documentaire) et She Male Snails en 2012, prix du Public et prix du Meilleur Film Nordique au festival de Göteborg. Son dernier a déjà été récompensé par le Tigre d’Or du festival de Rotterdam et se retrouvé sélectionné au Tribeca Film Festival.
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Donc, tout ce que touche Bergsmark se transforme en or et c’est bien normal car son film est un petit bijou d’esthétisme. Tel un peintre ou une photographe, la réalisatrice jongle avec les plans tous plus beaux les uns que les autres. Il y a cette scène ou Ellie, personnage à l’identité trouble, se retrouve avec sa colocataire dans leur petit appartement sale à parler d’amour. A travers les « rideaux » de la fenêtre filtre une lumière à la fois douce et froide, qui vient illuminer la cuisine et donner vie à ce lieu fait de crasse. Il y a aussi ces quelques minutes où elle erre dans une back room, au milieu des corps suants, à peine visibles, à la recherche de partenaires pour un moment d’intimité tout aussi poisseux que les parois de sa garçonnière. Les murs sont rouges, la lumière tamisée, et c’est dans ce milieu à la fois glauque et violent que Bergsmarck traîne sa caméra.
Plus tôt, elle filme son personnage principal en banlieue, sur le sol gris et sous les ampoules jaunâtres des vieux lampadaires et plus tard, celle-ci se retrouve dans les bras de celui qu’elle aime, sous une cascade, dans une forêt verte et enchanteresse. C’est comme ça du début à la fin. Something must break est un mélange d’onirisme et de naturalisme, visuellement puissant, dans lequel les scènes d’une réelle beauté s’enchainent et laissent pantois.
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Mais le film est aussi et surtout une véritable histoire d’amour, avec toute sa splendeur, sa pudeur et sa sensualité. Petit à petit, Ellie et Andréas vont se toiser, apprendre à se connaître, à s’aimer, et ce dernier va devoir faire face à un dilemme dont l’un des deux ne sortira pas tout à fait intact. Tantôt ils se shootent, s’envolent et dans des danses effrénées, touchent du doigt leur nirvana. Tantôt ils doutent, prennent peur et chutent, jusqu’à cette fin où le spectateur, lui, n’a plus qu’à laisser libre court à son imagination.
Something must break Un film d’Esther Martin Bergsmark Avec Saga Becker, Iggy Malmborg, Shima Niavarani… Sortie le 10 décembre 2014 (interdit aux - 12 ans)