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Critique : "Sky", un film de Fabienne Berthaud

9 avril 2016, par Untitled Magazine

Avec Sky, Fabienne Berthaud marque un retour triomphant et délicat grâce à la puissance poétique qui fait l'apanage de son style, 7 ans après son subtil Pieds nus sur les limaces. Nouveau voyage, vers l'Ouest américain cette fois, dans lequel Romy (Diane Kruger), jeune trentenaire, est partie en vacances avec son mari (Gilles Lelouche). Rapidement, quelque chose cloche : Romy décide de quitter son mari et la vie qu'elle a laissée en France pour se perdre dans les allées de villes inconnues. On la suit avec délectation dans ce voyage initiatique aux tréfonds d'une Amérique qui se nourrit, et nourrit ses petits, des expériences et des consciences de sa faune dense.

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Dans ce nouveau conte moderne, l'ambiance porte de ses bras musclés le récit et les personnages en leur imprimant sa subtilité. Elle se fait très sombre au début, embrasse les couleurs et les odeurs d'une Amérique des routiers qui oscille entre grands paysages désertiques et bars crasseux du Mid-West. Une Amérique filmée à l'argentique, aux couleurs pastel, une Amérique d'une douceur qui contraste avec les sueurs froides de la bande son. L'écart est immense et permet d'introduire le drame à venir, la rupture qui ourdissait déjà au départ et qui éclate après 10 minutes seulement. Une mort pour une vie, celle d'un couple pour celle d'une femme.

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C'est tout l'objet du film : le trajet vers elle-même d'une femme, Romy, qui trouve dans l'errance un moyen de construire en elle un noyau plus solide. Construire à partir de l'inconstance. L'inconstance d'un voyage sans but, de personnages laissés-pour-compte, de paradoxes étouffants... Ce voyage initiatique, presque adolescent, va la pousser dans les bras de personnages qui lui ressemblent ; brisés par une vie dont ils ne trouvent plus l'issue. Elle rencontre ainsi une « bunny » à Las Vegas, Diego (Norman Reedus) chez lequel elle ne devait que passer, une prêtresse sioux (Q'orianka Kilcher)... On parle de liberté, de rencontres, beaucoup d'amour aussi.

diane_norman_sunset

Fabienne Berthaud met en scène une histoire d'amour timide, inattendue, pas forcément voulue. Loin des clichés, très loin des clichés (le flic alcoolique qui tombe amoureux de la jeune biche délicate), la réalisation dresse une romance crédible, pleine des bosses qui jalonnent la construction progressive d'une relation atypique. Norman Reedus est excellent en solitaire endurci et souffreteux, Diane Kruger est superbe en amoureuse attentionnée et le couple qu'ils forment convainc par l'alchimie qu'on sent très forte entre les deux acteurs. C'est beau, ça serre le cœur. On ne sait plus quoi dire face au désarmement de Diego qui s'exclame face à l'amour de Romy « Je croyais que tu ne voulais plus aimer ». L'amour comme limite nécessaire à une liberté solitaire.

De la liberté donc, de la quête d'identité, de paysages américains flamboyants, de l'amour timoré... Est-il besoin de préciser qu'en plus la bande-son est traversée par les fulgurances de Nick Cave, de Rover et François-Eudes Chanfrault ? Un concentré de beauté et de grandioses quêtes à côté duquel il serait un crime de passer.

https://youtu.be/XBSIgnyTTc0


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