Vincent Machot (Kyan Khojandi) connaît sa vie par cœur. Il la partage entre son salon de coiffure, son cousin, son chat, et une mère envahissante. Mais un jour il croise par hasard Rosalie Blum (Noémie Lvovsky), une femme mystérieuse et solitaire, qu'il est convaincu d'avoir déjà rencontrée. Mais où ? Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l'espoir d'en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu’attachants. Une chose est sûre : la vie de Vincent Machot va changer…
Rosalie Blum est le premier long métrage de Julien Rappeneau, scénariste entre autres d’ « Au nom de ma fille », « Cloclo », « Faubourg 36 », ou encore « 36 quai des Orfèvres ». Il adapte ici le roman graphique éponyme de Camille Jourdy.
La première partie du film, centrée sur Vincent, est assez lente, à l’image de sa vie monotone. Coincé entre son cousin (Nicolas Bridet), dragueur invétéré, et une mère ultra possessive et castratrice (Anémone), Vincent se laisse vivre, et se rattache aux seules hypothétiques venues de sa petite amie qu’il n’a pas vue depuis des mois pour égayer sa vie. Ce rythme déroutant prend le risque d’ennuyer le public. Mais il faut savoir être patient. Passée cette introduction, le film monte en intensité. La structure amène à percer le mystère, et chaque point de vue permet de combler les cases manquantes de l’histoire et la mémoire de Vincent.
L’élément déclencheur de l’intrigue sera sa rencontre fortuite avec Rosalie Blum qu’il pense connaître. Dès lors, il va décider de la suivre secrètement partout, afin de percer ce mystère de l’esprit. Difficile d’en dévoiler plus sur l’intrigue sans dénaturer le scénario qui se veut énigmatique et surprenant.
L’histoire s’étend, et les vies passées et futures de chacun s’entrechoquent. Le thème central du film transparaît alors, il s’agit de la vie au sens large : la famille, la jeunesse, le travail, les blessures et les marques du temps… C’est la solitude et l’ennui des personnages qui vont les pousser à vouloir sortir de leur quotidien morose pour vivre enfin une expérience qu’ils ont choisie, et dont ils déterminent les règles.
Dans ce trio mal assorti, Alice Isaaz (« La crème de la crème », « En mai, fais ce qu’il te plait »…), est une confirmation. Entourée de Cécile (Sara Giraudeau) -véritable révélation de ce film- sa copine survoltée, et de son colocataire totalement déjanté joué Philippe Rebbot, elle offre un dynamisme à l’histoire mais également à la vie de Vincent et Rosalie.
Étrange ovni dans le giron des comédies françaises, Rosalie Blum étonne avec son histoire originale, dans le fond comme dans la forme, et pousse le spectateur à chercher le fin mot de l’histoire. Malgré une fin prévisible, le film offre un jeu de piste intrigant entre les personnages mais aussi entre le film et le spectateur. C’est la principale qualité du film : il rappelle (ou apprend ?) la patience au spectateur.
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