En 2010 Juho Kuosmanen gagne avec "The painting Sellers" le prix Ciné-fondation. Son premier long métrage sera donc présenté au festival de Cannes. Voilà qui aurait pu pousser le cinéaste finlandais à orienter son film vers un format « cannois ». Que nenni ! Avec "Olli Mäki", le réalisateur nous livre un récit tendre et émouvant, qui parle un peu de boxe mais surtout d’amour.

Nous sommes en août 1962, Olli Mäki, boulanger et boxeur tente de décrocher le titre de champion du monde de boxe poids plume. Pour cela il doit quitter sa campagne finlandaise et rejoindre son coach et agent à Helsinki, ce dernier ne cessant de lui répéter que le jour du combat sera « le plus beau jour de sa vie ». Pourtant Olli semble avoir du mal à se concentrer sur l’événement à venir car voilà, il est tombé amoureux.

©Sami Kuokkanen

Réflexion en contrastes

Comment définir le plus beau jour de notre vie ? C’est cette question que semble poser Juho Kuosmanen au spectateur. Car si la plupart d’entre nous entrevoit ce jour sous le feu nourri de projecteurs, ce n’est pas le cas pour Olli Mäki, boxeur finlandais champion d’Europe amateur et professionnel. Ce jeune homme de 25 ans natif de Kokkola et boulanger de formation, n’a qu’une seule envie ; celle de pouvoir être tranquille. Or, de tranquillité il n’en est pas question. L’industrie de la boxe n’ayant de cesse de vouloir créer un mythe autour du jeune boxeur, celle d’un homme viril, un tueur, un violent, capable d’assommer son adversaire d’un seul crochet du droit et qui peut rassurer une femme rien qu’en lui posant son bras sur l’épaule. En somme l’exact opposé de ce qu’est Olli. C’est donc dans cette dualité axée autour de l’être et du paraitre que le réalisateur va orienter son film. Pour souligner son propos, Juho Kuosmanen nous livre un film tout en contraste à l’image de la pellicule utilisée ; 16mm en noir et blanc. Un film sur l’ombre et la lumière donc, entre gloire et déboire mais surtout entre deux oppositions idéologiques. Celle d’un capitalisme en mal de héros et un communisme suggéré mais à dimension humaine.

©Sami Kuokkanen

Poésie contemplative

Juho Kuosmanen a donc pris le parti de faire passer la boxe au second plan du film et de se concentrer davantage sur son personnage principal qu’il filme avec beaucoup de tendresse et de pudeur. Sous sa caméra, Jarkko Lahti emprunte souvent les traits d’un enfant boudeur et facétieux ; le genre qu’on traînerait par la main à la boxe un mercredi d’hiver pluvieux. Et de certaines scènes émanent donc de vrais moments de poésie. Car la boxe, c’est bien, mais faire voler un cerf-volant à travers les arbres d’une forêt en pensant à son amoureuse, c’est tout de même mieux. Voilà pourquoi le 17 août 1962 sera le plus beau jour de sa vie.

©Sami Kuokkanen

Olli Mäki est une belle réflexion sur le besoin de nos sociétés de déifier nos semblables. D’élever et se faire élever au-dessus des autres. Dans une industrie cinématographique qui participe pourtant grandement à ce phénomène, Olli Mäki affirme qu’il est parfois bon de se recentrer sur l’essentiel. Avec beaucoup de grâce et légèreté.

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