Kheiron, humoriste et acteur (notamment de Bref) nous livre sa première réalisation, Nous Trois ou Rien et Untitled Mag peut vous assurer une chose : ce film est un futur succès populaire. Reprenant l'histoire de son père (Hibat Tabib) depuis ses combats politiques en Iran jusqu'à son arrivé en France, Kheiron incarne celui-ci et s'entoure d'un joli casting dont Leïla Bekhti (dans le rôle de sa mère, Fereshteh Tabib), Alexandre Astier, Gérard Darmon etc. Alors pourquoi cette nouvelle comédie Française va-t-elle devenir sans aucun doute une petite réussite auprès du public ? Réponse.

© Gaumont Distribution

Ce qui frappe dans Nous Trois ou Rien dès les premières minutes, c'est à quel point le rythme du film est fluide. A travers des effets très ludiques, parfois un peu simples (comme quasiment tout le film), le film se met rapidement en place et à travers des blagues bien senties créant un attachement rapide pour les personnages principaux. Le propos de l'introduction est sérieux : l'emprisonnement de Hibat Tabib pendant sept ans sous la dictature du Chah en Iran. Puis vient la fuite, fuite prenant parfois des airs de polar notamment lors d'une scène entièrement au ralenti pendant laquelle un militant se suicide devant sa femme et son fils lorsque des soldats sympathisants du pouvoir trouvent sa maison. Tout va donc très vite dès le début et cette tension perpétuelle qui pèse sur Hibat, Fereshteh et leurs compagnons marche à merveille. On croise les doigts pour qu'ils ne se fassent pas attraper par un tyran peu enclin à avoir pitié de ses adversaires. Les décors Marocains (où a été tourné le film) sont magnifiques. Beaucoup de simplicité mais une simplicité qui fonctionne même à travers les morceaux choisit qui forment des boucles et entrent rapidement dans la tête. Evidemment pour alléger le ton assez grave du film Kheiron parsème celui-ci de blagues assez drôles il faut le reconnaitre et plusieurs running gag.

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La déconfiture arrive lors de la seconde partie du film relatant la venue de Hibat en France. Tout marche beaucoup moins, déjà parce que Nous Trois ou Rien sombre dans la facilité et les bons sentiments. La comédie aux allures de polar devient fade et ressemble à un énième film sur la banlieue avec un humour jouant sur les clichés et les accents (avec évidemment des racailles un peu stupides pour faire rire l’assistance). On comprend tout de suite que Kheiron ne pouvait pas sauter cette partie et arrêter le récit sur la fuite de ses parents en France mais aurait pu raccourcir celle-ci et se concentrer sur la clandestinité de Hibat et Fereshteh à Istanbul pendant un an (passage sauté par une ellipse). Mais ces points noirs s’assombrissent pas du tout la qualité du long-métrage et sa réussite. L’alchimie entre Kheiron et Leïla Bekhti est totale, à l’écran comme sur scène lors de la présentation du film. Une complicité rare à l’écran où les vannes fusent à tout bout de champ entre un Hibat - ayant pourtant fait sept années de prison - effrayé lorsque Fereshteh est en colère !

Tout les ingrédients sont donc réunis pour faire de Nous Trois ou Rien un futur succès populaire, la standing ovation pendant le générique en témoigne dans ce sens. Kheiron livre un film simpliste mais regorgeant de bonnes idées et agréable à regarder notamment pour sa partie en Iran. On est un peu moins fan de celle en France. L’optimisme parcourt tout le film et nombreuses sont les scènes à nous arracher un grand sourire.

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