Gus Van Sant, Naomi Watts, Matthew McConaughey, Ken Watanabe, la forêt d'Aokigahara (forêt des suicides au Japon)... Un casting superbe, pour un film malheureusement très décevant, qui se débat avec peine dans les méandres profonds d'une philosophie qu'il ne maîtrise pas. Gus Van Sant a voulu jouer au subtil, au sage penseur nippon. Il finit pourtant par adopter la gestuelle d'un triste mime et par noyer ses idées sous une mer de flash-backs et une avalanche de musiques tire-larmes qui mettent les nerfs à vif.
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La forêt des songes (The sea of trees), renommé en hâte Nos souvenirs après un énorme tollé au festival de Cannes, conte l'histoire d'Arhur Brennan, un américain qui se rend au Japon dans la forêt d'Aokigahara. Fameuse "mer des arbres" réputée pour son accueil des âmes suicidaires. Arthur, qui ne s'est jamais remis de la mort de sa femme, compte y mettre fin à ses jours. Il croise alors le chemin de Takumi Nakamura, entré dans la forêt avec le même projet. Les deux hommes se mettent en quête d'une sortie et se retrouvent pris dans les griffes d'une tempête folle, l'occasion pour Arthur de se remémorer les souvenirs de sa vie commune avec Joan...
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Très dur de dire quoi que ce soit de positif sur ce film de mauvais genre. La trame narrative faiblarde superpose une succession insupportable de flashbacks mal amenés sur la vie de couple d'Arthur et de scènes risibles à la Man vs. wild en imper Burberry. La bande-son créée par Mason Bates est grandiloquente, totalement kitsch (pas dans le bon sens du terme) et pousse aux larmes lors de scènes grossières. C'est d'ailleurs tout le film que l'on pourrait qualifier de grossier; dans sa narration, dans sa mise en scène, jusque dans ses dialogues. Ca parle, ça caquette et ça jase pour ne rien dire, ou plutôt, pour dire tout ce qu'il ne faut pas : "Ta femme sera toujours à tes côtés", "la forêt est là pour te le rappeler"... Non, sans blague.
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On sent la volonté de Gus Van Sant de s'inspirer d'une certaine idée qu'il se fait de la philosophie japonaise, entre contemplation et sagesse mystique. Il l'utilise pourtant comme un outil mal taillé, dégoulinant de mièvrerie, trop bavard et très vulgaire. Matthew McConaughey est ridicule dans ce rôle de héros repenti et pathétique, Naomi Watts (comme souvent dernièrement) s'efface complètement derrière les autres et Ken Watanabe sert de caution japonisante à cet ensemble empâté dans une condescendance toute occidentale. A trop vouloir imiter une certaine mystique japonaise, Gus Van Sant finit par singer les grimaces de ses inatteignables ambitions.
https://youtu.be/dqzvvp9H-9Y