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Critique: Mommy, un film de Xavier Dolan

6 octobre 2014, par Untitled Magazine

Synopsis

Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla. Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir.

Xavier Dolan a 25 ans, seulement, et nous présente son cinquième film, déjà. Mommy, titre doux, révélateur, hommage aux mamans, à sa vieille et à toutes celles qui se retrouvent un jour avec l’un des défis les plus difficiles à relever, celui d’être mère. Diane, « Die », doit élever seul Steve, son fils, un ado hystérique, instable. Elle doit supporter ses crises et la violence des mots lâchés, tels des hurlements, mais aussi les gestes agressifs, la fureur, et puis les larmes, celles d’un solitaire blessé et perdu dans l’immensité des jours et des nuits canadiennes.

© Les Films Séville, tous droits réservés. © Les Films Séville, tous droits réservés.

Steve est atteint de TDAH, pour « trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité ». C’est un blondinet au look d’hypster, un être énigmatique au charme fou, une sorte d’hybride, croisement entre ange déchu et démon. Après avoir été expulsé du centre dans lequel il était soigné, pour avoir mis le feu à un camarade, il se retrouve avec sa mère dans sa maison d’une petite ville de banlieue. A cause de sa maladie, il oscille entre phases de déchainements et moments de grande douceur. Son salut, il va le trouver en la personne de Kyla, une voisine discrète, perturbée, bien qu’on ne sache pas vraiment pourquoi, et qui va jouer l’intruse tranquille dans leurs vies à tous les deux. Ensemble, simplement, sans vraiment y prêter attention, autour de quelques verres de vin bus à la chaude lumière d’un patio par exemple, ils vont partager, rebondir, essayer de se soigner, et donc d’avancer.

© Les Films Séville, tous droits réservés. © Les Films Séville, tous droits réservés.

L’intrigue est là. Pas de grandes scènes d’action, tout comme dans ses films précédents, mais de l’intensité, encore et encore, un shoot d’adrénaline, et puis une descente, un shoot d’adrénaline, et le souffle coupé. La lumière est belle, les couleurs sont étudiées, chaque plan est réfléchi, calculé, pour faire naître l’émotion, et ça marche, une fois de plus. C’est une gifle, un déferlement. Certaines scènes, comme celle de fin qu’on ne trahira pas, sont des tempêtes d’une animosité extrême. D’autres sont d’une délicatesse onctueuse, avec, au top, cette danse de Steve à sa mère et Kyla, dans la cuisine du petit appartement, sur la chanson On ne change pas de Céline Dion. Les ongles vernis de noir, lascivement, il les entraine dans son délire, et on a envie de crever la toile, et on a envie de bouger avec eux.

La bande originale aussi est aux petits oignons, puisque la musique est emblématique des films du réalisateur. Wonderwall d’Oasis, pour une balade en skateboard habitée, et Steve repousse le cadre (le film est tourné au format carré), comme il repousserait ses angoisses et ses peurs. Vivo per lei par Andréa Bocelli et Hélène Ségara, pour une déclaration d’amour lors d’un karaoké. Et bien d’autres, chaque morceau collant parfaitement au sujet, chaque morceau résonnant pour une harmonie parfaite. Et ça ne s’arrête pas pendant 2h14, et on en redemande après avoir quitté la salle.

@Philippe Garcia, tous droits réservés. @Philippe Garcia, tous droits réservés.

Xavier Dolan est donc un petit prodige du cinéma. On le savait déjà, mais avec Mommy, certainement son œuvre la plus aboutie, c’est confirmé. Cannes s’en ai rendu compte d’ailleurs, et lui a offert une jolie poignée de main au dernier festival, avec le prix du jury comme remerciement. Bienvenu au club Mr Dolan. Sur le tapis rouge, à la sortie, il confiait à un journaliste vouloir faire une pause. Trois mois plus tard, il a abandonné cette idée, et dans sa tête se dessine déjà le prochain film. Il raconte : «… j’espère bien avoir encore des choses à dire à 30 ans. Mais je suis incapable de m’imaginer où je serai à cet âge là. Peut être que j’aurai pris une toute autre direction. Peut être que je serai devenu ministre. » On ne lui souhaite pas, pour notre plus grand bonheur…

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=8X1fB4ylVuk&w=560&h=315]

A ne pas manquer.

Mommy Un film de Xavier Dolan. Avec Antoine Olivier Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément… Sortie le 8 octobre 2014.




auteur
Le webzine des plaisirs culturels.


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