Buenaventura. Son port. Ses destins.
C’est dans la ville la plus dangereuse de Colombie que deux hommes embarquent vers un voyage sur les eaux du Pacifique. 100 kilos de cocaïne et un filet de pêche pour seule couverture.
Manos Sucias ne ressemble en rien ou presque aux autres films sur le trafic de drogue en Colombie. La drogue, catalyseur des problèmes dans cette ville, n’apparaît même pas dans le film. Au contraire, on se focalise essentiellement sur une zone assiégée par les contestations politiques, la guérilla ou encore les confrontations entre les paramilitaires et les narcotrafiquants.
Jacobo, le pêcheur, et Délio vont tout deux prendre le large avec 100 kilos de drogue. Lors de ce périple en eaux troubles, les deux jeunes -issus de Buenaventura- vont tisser des liens fraternels. C’est par la force des imprévus auxquels ils vont être confrontés que les deux hommes seront à la fois des amis et des frères. Délio, tout juste papa, se passionne pour la musique (tout particulièrement le rap) et pour les filles. Malgré la pauvreté et les difficultés, c’est un jeune homme comme les autres : avec ses rêves et une soif de vivre. Jacobo est un personnage plus terre-à-terre, avec une vie plus sombre. Il a connu la perte et de nombreuses épreuves difficiles. Mais grâce à la légèreté et naïveté de Délio il brisera petit à petit la coquille pour laisser place à un homme sensible... jusqu’à pousser lui-même la chansonnette.
Manos Sucias est un film d’espoir. Il apporte un regard nouveau, authentique sur les conflits auxquels cette ville colombienne fait face. Cet apport a pu se réaliser grâce au casting des comédiens : le réalisateur Josef Wladyka a fait un long travail de terrain avant de pouvoir mettre en place son premier long-métrage. Entre casting in-situ et ateliers d’écriture avec les habitants, il a su s’imprégner de la culture locale et s’est surtout confronté à la population en prenant en compte leurs vécus et leurs attentes. « Certaines scènes sont directement issues de leurs vies. Tout cela a été un processus très intime (…) cela a été éprouvant, aussi bien mentalement que physiquement. »
Manos Sucias soulève ainsi des problématiques comme l’exploitation des enfants, l’appauvrissement des pêcheurs ou encore le clivage des populations. Avec cette fiction à caractère autobiographique voire documentaire, Josef Wladyka signe avec brio son tout premier long-métrage.
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