« Go » est un terme ivoirien qui désigne « une petite copine », et par extension « une fille ». Au cœur d'Abidjan, les Go sont des parias. Des moins que rien. Reniées par leurs familles, ces misérables sont vouées à la prostitution, au vol et à la vie de ghetto. Certaines n'ont pas encore soufflé leur douzième bougie qu'elles doivent déjà tenter de survivre jour après jour entre des passes à un euro cinquante et quelques vols.
En 2009, ces femmes au destin garroté se confiaient en silence à l'objectif d'Eliane de Latour. Après avoir exposé ces photographies en France, l'anthropologue a souhaité revenir sur le terrain pour leur reverser les gains de l'exposition et apprivoiser à nouveau leur intimité dans un documentaire filmé. Durant un an, Eliane de Latour les suit au quotidien et crée avec elle "la Casa", un lieu dans lequel elles peuvent vivre ensemble et s'épargner les violences du monde extérieur. Ce toit protecteur va les encourager à s'éduquer, apprendre à lire et à écrire et qui sait, peut-être s'en sortir un jour ?
La première partie du film dépeint un milieu cru et sordide ne permettant pas d'entrevoir le moindre avenir. Elles vivent alors dans la misère la plus écœurante, armées de leurs nourrissons dans la crasse des déchetteries qui encadrent leurs habitations sans toit. Mais l'ambition d'Eliane de Latour n'a pas été simplement de montrer et de comprendre. Plus qu'un projet documentaire c'est une ambition humanitaire et solidaire qui se dessine dans ces images, la volonté irrépressible de venir en aide à ces filles que tout le monde a rejeté. Même si le bilan final n'est pas parfait, il suffit que quelques-unes s'en sortent pour y voir un encouragement. L'investissement humain pour essayer de les sauver redonne une lueur d'espoir à ce film. Go, girls !
https://www.youtube.com/watch?v=QOJUHYQ0Y94