Les Rois du Monde fait parti de ces films qui vous font y penser encore et encore une fois le générique de fin terminé. Une véritable surprise dans le paysage cinématographique Français venant d'un metteur en scène de théâtre et d'opéra, Laurent Laffargue, qui signe ici son premier film. Véritable tour de force visuel avec son esthétique soignée, les Rois du Monde offre un récit prenant qui plonge le spectateur dans le triangle amoureux Jeannot/Chantal/Jacky tout en se concentrant sur la vie d’adolescents du village de Casteljaloux que plus rien ne retient là-bas.

Les Rois du Monde fait beaucoup penser à The Place Beyond The Pines de Derek Cianfrance et c’est Laurent Laffargue qui le dit lui-même. Par les thèmes abordés, la photographie ou encore les personnages. Dans ce village de Casteljaloux, tout le monde est en proie à une addiction. Jeannot (Sergio Lopez) ne peut se passer de Chantal (Céline Sallette) qui est en couple avec Jacky (Eric Cantona). Les habitants sont tous retenus par quelque chose et ne cherchent pas à s’échapper de leur obsession en dehors des adolescents du village, Romain Pascaline et Thibault (respectivement Victorien Cacioppo, Roxane Arnal et Jean-Baptiste Sagory), qui ont un véritable désir d’évasion qui passe par le théâtre enseigné par Chantal. Le réalisateur nous montre l’espoir et l’avenir qu’ils représentent à la manière des enfants des personnages de Bradley Cooper et Ryan Gosling dans The Place Beyond The Pines. A cela s’ajoute d’autres protagonistes forts et profonds comme Marie Jo ou encore Jean-François qui viennent agrandir cette galerie de personnages écrits à merveille. C’est grâce à ceux-ci que le spectateur comprend que Casteljaloux ne fait que détruire petit à petit les gens qui y vivent et qu’avec le temps s’échapper devient impossible. On pourrait croire qu’avec autant de personnages, Laurent Laffargue finirait par se perdre dans son récit et pourtant ce n’est pas le cas car même si le triangle amoureux Jeannot/Chantal/Jacky est le point central du scénario le réalisateur se permet de se concentrer sur d’autres intrigues pour encore plus de profondeur.

L’obsession de Jeannot pour Chantal le pousse peu à peu à avoir un comportement dangereux alors que celui-ci peut s’avérer être un homme extrêmement bienveillant notamment avec Jean-François. L’évolution se fait de manière progressive et Jeannot devient de plus en plus inquiétant aux yeux du spectateur qui se retrouve toujours avec la peur que celui-ci dérape et s’en prenne à Jacky et Chantal ou lui-même.

Les Rois du Monde prend alors des allures de tragédie Grecque et offre des scènes qui prennent aux tripes notamment son final à la fois attendu et inattendu. Laurent Laffargue arrive avec brio tout le long du film à brouiller les pistes pour nous pousser à se demander qui Chantal va-t-elle choisir entre Jacky et Jeannot.

Les Rois du Monde marque également les esprits grâce à son esthétique travaillé. Laurent Laffargue utilise son talent pour la mise en scène théâtrale dans le but de donner à son film des plans d’une réelle beauté avec une prédominance de couleurs rouges et jaunes. Là aussi la photographie emprunte beaucoup à The Place Beyond The Pines. Grâce au travail du chef opérateur Fabrice Main, Les Rois du Monde se dote d’une ambiance hors du commun avec des scènes comme celle de la MDMA par exemple. A cela s’ajoute le charme du petit village Français avec ses différents accents, ses habitants atypiques, ses rues calmes, sa fête foraine ou encore le bar du coin où le Ricard coule à flot entre deux cigarettes.

Les Rois du Monde est donc une réussite. Un premier film de Laurent Laffargue qui marque profondément dans lequel rien ne semble laissé au hasard, des dialogues au soin apporté à l’image en passant par le caractère des personnages incarnés par un casting parfait. Une petite perle Française à ne pas rater à sa sortie en salle le 23 septembre.

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