Un cambriolage tourne mal. Dave arrive à s’enfuir mais laisse son frère Kenneth derrière lui. Quatre ans plus tard, à sa sortie de prison, Kenneth souhaite reprendre sa vie là où il l’avait laissée et est plus que jamais déterminé à reconquérir sa petite amie Sylvie. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’entre-temps, son frère Dave et Sylvie sont tombés amoureux et mènent désormais une vie rangée ensemble. Avouer la vérité à Kenneth pourrait tourner au règlement de compte…
Il s’agit du premier long-métrage de Robin Pront, qui en est également le scénariste.
Le point de départ ressemble à "Brothers" de Jim Sheridan réalisé en 2009, où le militaire Tobey Maguire présumé mort au front, voyait sa femme Natalie Portman se rapprocher de son frère Jake Gyllenhaal avant qu’il ne revienne d’entre les morts. Mais le traitement des personnages est ici complètement différent. Sylvie et Dave savent pertinemment que Kenneth sortira de prison. Ceci ne les empêchera pas de vivre leur histoire sans pour autant aller vivre dans une autre ville, ou couper tous liens avec Kenneth. Sylvie veut une vie « normale » et laisser son passé tumultueux derrière elle pour fonder une famille. Dave est alors tirailler entre sa copine et son frère, dont il subit le courroux tout au long du film. C’est son incapacité à lui avouer la vérité lié à ce rapport de soumission qui va précipiter sa chute.
Copyright Diaphana Distribution
Le lien fraternel est complètement déséquilibré. Kenneth est le plus âgé, le dominant. Avec une mère quasi absente, qui sait qu’elle ne peut plus rien pour son fils devenu incontrôlable, on peut supposer que l’enfance de Dave ne fut qu’une suite d’humiliations subies mélangée à une certaine admiration pour son frère. Le présent est encore plus violent pour lui, car il est en plus redevable à Kenneth de ne pas l’avoir balancé pour le casse qui l’a obligé à faire 4 ans de prison. Le résultat est un triangle à plat pour Dave, sommet coincé entre sa copine et son frère, les deux vrais donneurs d’ordre de sa vie.
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L’humour noir prédomine dans le film, au même titre qu’une violence mentale et physique. Le réalisateur n’y va pas de main morte, et décrit des personnages qui n’arrivent plus à faire la différence entre le bien et le mal, des individus réduit pour la plupart à un état animal. Plus implicitement, Robin Pront pose la question de la réinsertion avec Kenneth incapable de garder un travail, et dont l’entourage se compose d’ex compagnons de cellule.
L'image est belle mais sombre, comme la forêt des Ardennes qui symbolise le dernier (le seul ?) souvenir heureux des deux frères. Ce temps semble cependant révolu, et le retour du duo dans les Ardennes n'a rien qui vaille. La musique électro utilisée est là pour affirmer la tournure violente et démente que va prendre ce dernier voyage.
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Si l’histoire met un peu de temps à se mettre en place, elle prend une dimension dantesque à travers une fin cataclysmique qui verra l’introduction de personnages complètements perchés ! Le twist final sauve un peu le film, qui reste une belle proposition pour une première œuvre. Un article récent titrait « Les Flamands sont-ils les nouveaux Coréens ? », la réponse est clairement non, mais avec son esthétisme, son traitement de la violence et ses personnages convaincants, le cinéma flamand se démarque du giron habituel des productions européennes.
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