Synopsis

Loin des clichés, les sœurs de l’Abbaye de Bonneval se confient et surprennent par leurs réflexions sur la société, la consommation, le rapport au temps. Première et unique caméra à entrer au sein de l’ordre Cistércien de la Stricte Observance, elle nous fait découvrir des femmes à la philosophie étonnamment moderne en plein cœur d’une abbaye séculaire.

Il ne faut pas s’inquiéter, la relève est assurée pour le documentaire français…

Quelque part dans l’Aveyron, entre les murs de pierres d’une abbaye moyenâgeuse, vivent trente moniales recluses, coupées du monde extérieur. C’est ici que Nicolas Gayraud est allé poser sa caméra, après autorisation exceptionnelle, pour filmer le quotidien de ces ermites à la peau dure et au cœur tendre. C’est ici, surtout, qu’il a créé un film qui prend aux tripes, exceptionnel, vivant, indispensable.

Sœur Anne-Claire a une coupe à la garçonne, le regard vif et l’humour grinçant. Elle a la trentaine et dans une vie antérieure, elle montait des appareils photo numériques. Elle s’assied, et la magie opère. Nicolas Gayraud la fait parler, de tout. Il est question d’acceptation par l’entourage d’un choix de vie différent, d’un certain manque et de groles. Et on écoute, et on rigole avec elle. Sœur Claire, elle, a 84 ans. Elle aime les escargots, et n’échangerait sa liberté (un comble pour une religieuse recluse, on pourrait croire) pour rien au monde. Elle philosophe, dans un jardin, au détour d’un couloir, et nous fait partager ses pensées, miscellanées sur la mode, la consommation, le temps. Il y a sœur Aleksandra aussi, qui vient de Pologne. Elle partage avec nous ses angoisses du début, les trois premiers jours de son arrivée, quand elle posait son regard sur la vieille pierre en se demandant ce qu’elle faisait là. Maintenant, elle y voit des abeilles, sans qui les arbres à fruit mourraient, et nous emmène en balade au cœur de la vallée.

Autant de portraits, donc, fils conducteurs du documentaire, autant de réflexions sur la vie, sur le temps, sur le rapport à la société, aux autres et la recherche de soi. En plus d’être un bijou d’humanité, ce film incite à réfléchir en nous proposant la version de celles qui ont décidé de vivre autrement. Le coup de maître de Nicolas Gayraud, c’est de traiter d’un mode de vie religieux sans parler de religion. Elle n’est qu’une excuse, en toile de fond, pour témoigner de la force de ces femmes qui ont choisi le silence, l’éloignement, et qui osent, chaque jour, repousser les limites de ce que l’Homme est censé être en 2014 dans une société de consommation.

Le temps de quelques jours est une ode à la simplicité et au courage, tout simplement. Il n’y a pas grand-chose d’autre à dire sur un tel film. On ne fera peut être pas ses valises, quelques jours plus tard, pour aller migrer au fin fond d’une campagne française, mais peu importe, ce n’est pas le but. L’important, c’est simplement de s’assoir 72 minutes, et de se laisser porter, humble, calme, par ce soudain abandon de nombrilisme et cet éloge de la retraite contemplative. L’important, c’est simplement de comprendre qu’ « ici, l’objectif, ce n’est pas de se frustrer, mais de se focaliser sur l’essentiel. »

A ne pas manquer. Le temps de quelques jours Un film documentaire de Nicolas Gayraud. Sortie le 1 octobre 2014.

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