La sortie d'un nouveau film de Steven Spielberg est toujours un événement. Est-il utile de présenter le réalisateur de films tels que Les Dents de la Mer, Jurassic Park ou encore E.T., toujours aussi prolifique depuis les années 70 et n'ayant cessé d'offrir de jolies réussites au monde du septième art ? Cinéaste à la filmographie hétéroclite, Spielberg revient en 2015 aux côtés de Tom Hanks (qu'il avait déjà dirigé dans Arrête-Moi Si Tu Peux ou encore Il Faut Sauver le Soldat Ryan) pour Le Pont des Espions, biopic de l'avocat James B. Donovan sur fond de guerre froide.

Une chose est sûre : le talent de Spielberg pour la mise en scène se ressent encore une fois à l'écran et le bonhomme n'a nul besoin de se forcer pour offrir des plans magnifiques et travaillés. Aidé par Janusz Kaminsk, directeur de la photographie attitré du réalisateur depuis La Liste de Schindler, le film regorge de belles lumières notamment de contre jours sublimes (on pense à une scène entre Donovan et l'espion Russe Rudolf Abel dans une salle d'interrogatoire). Une telle maîtrise de l'image ne peut qu'être applaudit et rares sont les films à pouvoir se targuer d'être aussi beau et ce, du premier au dernier plan.

Cependant cette qualité visuelle ne suffit pas à combler les multiples défauts dont est parsemé Le Pont des Espions. Avec Cheval de Guerre et Lincoln, deux films mineurs dans le parcours de Spielbeg, le cinéaste a pris la route des biopics historiques très romancés et pas souvent pour le mieux. Lincoln avait cette image de film avec beaucoup de dialogues, aux tenants et aboutissants tournant trop souvent autour de la constitution Américaine et à quel point ce pays est merveilleux : c'est encore une fois le cas ici. Les Soviétiques ont l'image du mal absolu qu'il faut combattre, agressifs et méchants. Alors évidemment comme dans le biopic du 16ème président des États-Unis, les acteurs du Pont des Espions brillent à l'écran et jouent parfaitement, notamment grâce à certains échanges prenants, beaucoup de répartie et des touches d'humour, mais le caractère un peu trop bavard du film épuise par moment.

Le Pont des Espions garde tout de même un rythme agréable malgré les longueurs. Il faut dire que l'immersion est renforcée par la qualité des décors et costumes. Le côté années 60 marche à merveille et les amoureux de cette période ne pourront qu'être ravis. Entre les costumes, les voitures d'époque ou la cigarette autour d'un verre de whisky, le film dégage vraiment quelque chose de très particulier. Il est aussi assez fascinant de voir à quel point Spielberg est à l'aise pour introduire de nouveaux personnages et ce, même lorsque le film est déjà à sa moitié, mais aussi jongler entre les différentes histoires. C'est grâce à tout cela que Le Pont des Espions ne sombre pas totalement dans le formel de sa réalisation et ses dialogues pour réussir à toujours immerger le spectateur dans le récit.

Le Pont des Espions est donc un film mineur dans la filmographie de Steven Spielberg. Malgré une réussite visuelle, le film déçoit légèrement et ne survivra sans doute pas à un second visionnage. Les fans de Lincoln ou Cheval de Guerre apprécieront, les autres attendront avec impatience le retour du réalisateur avec un film fantastique.

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