Le Beau Monde est le quatrième long métrage de Julie Lopes Curval. Son premier, Bord de Mer, a remporté la Caméra d’Or de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2002. Après avoir dirigé des icônes féminines confirmées du cinéma français, Catherine Deneuve, Marion Cotillard, ou encore Julie Depardieu, c’est une figure montante qui est ici mise en scène, en la personne d’Ana Girardot.
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S’il faut trouver un atout majeur à ce film, c’est bien du côté du casting qu’il faut aller chercher. Dans les rôles principaux, Ana Girardot et Bastien Bouillon. Avec un certain esthétisme, un regard posé sur les corps, Julie Lopes Curval filme l’évolution de leur relation, de telle manière à illustrer une certaine idée de la beauté, mais aussi de l’enfance et de l’insouciance. Les seconds rôles ont également une place prépondérante. Sergi Lopez fait preuve de beaucoup de justesse, quand Baptiste Lecaplain étonne dans un rôle à contre-emploi.
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Pour ce qui est du thème de ce quatrième film, Julie Lopes Curval a choisi de raconter une histoire des plus traditionnelles. Un amour entre une femme et un homme de milieux sociaux différents. Alice vient d’un milieu modeste et veut concrétiser par les actes sa fascination pour le «beau monde». Elle rencontre Antoine, issu d’une famille fortunée, qui baigne depuis toujours dans le milieu artistique qu’Alice rêve d’intégrer. Antoine est le fruit d’une éducation intellectuelle solide, qui l’érige, aux yeux d’Alice, au rang d’idéal. Leur relation va alors être déterminée par ce que représente, à leurs yeux, leur statut social respectif.
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Alice voit en lui un modèle, un exemple, voire une porte d’entrée vers ce qu’elle convoite. Antoine voit en elle une cause défendable, une situation louable et presque enviable. C’est une rencontre qui échappe au coup de foudre, mais répond à une demande momentanée.
La réalisatrice décide d’angler son point de vue autour du personnage d’Alice. Que veut-elle ? Qui est-elle pour Antoine ? Pour répondre à ces questions, Julie Lopes Curval fait le choix de rendre incompatible leur relation dans la durée, de dresser un mur entre leurs univers respectifs. Comme si les cloisons entre les milieux sociaux restaient infranchissables, si ce n’est pour quelques temps seulement.
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Outre les stéréotypes qu’incarnent la femme bourgeoise ou la mère de famille de classe moyenne, le récit ne propose pas de véritable vision sur le sujet. On se heurte à une confrontation classique des milieux sociaux. Dans un premier temps, les milieux sont liés plutôt que mis en opposition. L’échange a lieu, mais les ressentiments ou aprioris refont vite surface pour servir l’incompatibilité de cette histoire d’amour.
Partagée entre la volonté de raconter une histoire d’amour, et la précaution d’en soigner la fracture, la cinéaste passe à côté de ce qui aurait pu être un film abouti.
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