Octobre 1981. Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk sont deux brillants pilotes de l’armée française. Suite à une malencontreuse erreur au cours d’un test de centrifugeuse, ils perdent une partie de leur potentiel intellectuel. L’armée veut toutefois les garder dans l’aviation et ils se retrouvent au poste de bagagiste à Orly Ouest.
La suite de la « Tour Montparnasse Infernale » n’en est finalement pas une.
Autant dans le fond- puisqu' Eric et Ramzy ont choisi de faire un prequel 15 ans après leur premier succès - que dans la forme.
Dès la scène d’ouverture, l’esprit des sketches de stand up des débuts du duo est présent. Mais Eric Judor, réalisateur de cet opus, a depuis gagné ses galons en tant qu’auteur et réalisateur, notamment avec sa série Platane sur Canal +.
Copyright Légende Distribution
A contrario de Kad et O par exemple, autre duo estampillé Canal, Judor nous montre qu'il a su évoluer. Le décevant « Qui a re-tué Pamela Rose ? » des premiers, suite du succès initial éponyme, avait tous les défauts d'une comédie ratée. Eric et Ramzy, eux, semblent nous dévoiler en creux dans le sous-texte, une critique acerbe sur ce qui nous est proposé aujourd’hui au cinéma, à travers notamment une multiplication de running gags qui s'attachent à parodier des plans communs à de nombreux films contemporains.
Les seconds rôles sont parfaits (mention spéciale à Philippe Katerine) et n'envahissent pas le propos : le pompeux défilé des amis-guest du duo est évité.
Copyright Légende Distribution
Cette « suite-préquel » très réussie est finalement leur film le plus adulte. Le travail d’écriture est présent, solide ; la réalisation réfléchie et léchée. Eric Judor nous prouve que l’on peut réaliser une comédie avec des cancres comme sujets sans pour autant négliger la réalisation et le cadre, miroir du regard spectateur.
La scène finale fait écho à celle qui ouvre le film, et l’intérieur de la boucle regorge de tout ce que le duo a pu apprendre, connaître et aimer depuis la sortie du premier opus en 2001.
Copyright Légende Distribution
Eric Judor a su faire des choix, et son film reste finalement proche d’un sujet qui lui est cher, la satire du monde du cinéma ; mais contrairement à Platane, il s’interroge ici sur ce qui est proposé aujourd’hui au spectateur, et propose comme alternative de redonner avec brio ses lettres de noblesse à la comédie potache, non pas dépourvue de sens critique.
C’est peut-être cela, le talent comique.
[embed]https://youtu.be/YZ75gpgZvtc[/embed]