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Critique : "Fuocoammare", un film de Gianfranco Rossi

22 septembre 2016, par Untitled Magazine
A travers un cadre intimiste, Gianfranco Rossi pointe du doigt l'itinéraire violent et isolé de ces migrants qui rejoignent les côtes de Lampedusa en Italie : Fuocoammare touche et réveille. 

Samuele a 12 ans, vit à Lampedusa, une petite île au milieu de la mer. Une île pas comme les autres, puisqu'elle est l'une des barrières symboliques de l'Europe : des milliers de migrants bravent la mer chaque année pour passer ses frontières, en quête d'une liberté qu'on leur refuse ailleurs...

Caméra de l'intime

Chez Gianfranco Rossi, le voyeurisme et les statistiques à outrance n'ont pas leur place. Il faut filmer l'humain, ses interactions, avec pudeur mais sans surexplication : le réalisateur ne donne pas toutes les clés à son spectateur pour déchiffrer les images qui se déroulent sous ses yeux. De la vie familiale et intime du petit Samuele, aux confidences d'un médecin, en passant par l'arrivée de bateaux emplis de migrants en pleurs, les liens entre chaque épisode du documentaire ne sont pas forcément clairs. Un parti pris que le réalisateur a appuyé en affirmant qu'il ne s'intéressait pas "aux documentaires comme ceux de Michael Moore, qui ne sont qu'une succession de plaintes et d'explications montées les unes après les autres". Ici l'ensemble est vivant, et donc pas forcément organisé. Ce qui rend le propos du réalisateur d'autant plus fort.

222294-jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx © 21 Uno Film

Dénoncer l'indifférence et rappeler l'humain

Ce n'est pas un hasard si Gianfranco Rossi a choisi de filmer Samuele, affublé d'un oeil paresseux. Cet oeil paresseux résonne comme une métaphore du sort de tous ces migrants : ils arrivent bouleversés sur une île qu'ils ne connaissent pas, confrontés à l'oeil paresseux des locaux qui ne les voient pas. Une frontière que le réalisateur déplore, et qu'il tente de briser en faisant témoigner Pietro Bartolo, directeur de l'hôpital de Lampedusa et superviseur de tous les soins médicaux prodigués aux migrants.

En filmant, aussi, ces hommes et femmes qui envoient des SOS depuis la mer, racontent leurs itinéraires malheureux, pleurent leurs morts et subissent de longues procédures policières. Gianfranco Rossi redonne un visage à ces évènements qui finissent par ne devenir que de vulgaires sujets politiques, filme la souffrance qui les sous-tend mais aussi l'indifférence au sein de laquelle ils se déroulent.

236957-jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx © 21 Uno Film

A travers Lampedusa, c'est tout le sort de l'Europe que filme Gianfranco Rossi. Une Europe endormie dans un coussin d'indifférence, que le documentaire s'évertue à éventrer : intime et puissant, Fuocoammare, par delà Lampedusa provoque un réveil difficile mais nécessaire.

https://youtu.be/uRPBH3LC4aU


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