La course à pied. Ce sport ancré dans nos mœurs sans que nous puissions nous douter une seule seconde du véritable combat social et féministe se cachant derrière une discipline à l'histoire riche en enseignements. C'est cette partie souvent méconnue par le grand public que Pierre Morath a décidé d'explorer dans son dernier documentaire ponctué d'images d'archives, de témoignages de célébrités de la discipline, et d'inconnus ayant apporté leur noble contribution pour faire reconnaitre ce sport.
Free to Run explore habilement, dans une forme ludique, une discipline ayant fait face à de nombreux problèmes jusqu'à sa reconnaissance. Il y a à peine 50 ans, la course à pied n'était réservée qu'aux hommes et très encadrée, les femmes n'ayant pas le droit de courir pour éviter de « nombreux problèmes de santé » (ironique lorsque l'on sait que la médecine moderne a démontré depuis les bienfaits du sport), et ce sont ces dysfonctionnements que Pierre Morath nous conte dans un film à la portée puissante.
Un sport jadis synonyme de souffrance, de douleur, que peu à peu des hommes et femmes vont apprendre à apprécier pour le bien qu'il procure et une forme de communion avec la nature. Un combat égalitaire pour que les femmes puissent courir auprès d'hommes, à l'image de Kathrine Switzer, première femme a avoir couru le marathon de Boston en étant enregistrée (illégalement), dont les témoignages ponctuent Free to Run. Car les interviews font aussi la force du documentaire et viennent apporter un regard authentique sur l'évolution d'une discipline. Même si Morath décide d'explorer en grande partie l'histoire des États-Unis et son impact dans le reste du monde - notamment grâce au marathon de New-York - la France n'est pas en reste et Noel Tamini (fondateur de Spiridon, un ancien grand magazine consacré à la course) offre un regard sur la course à pied dans notre pays. Morath n'oublie pas d'évoquer les dérives de ce sport au fil des ans ou encore les destins brisés et emblématiques de ce sport comme celui de Steve Roland Prefontaine. Une multitude de noms qui résonnent encore après le générique final et nous accompagnent pendant 1h40.
Trop en raconter serait gâcher le plaisir de la découverte de Free To Run. Une expérience cinématographique sincère, puissante, brillante, instructive et souvent émouvante.
https://www.youtube.com/watch?v=Ml8ADTP6BNc