Géniteur de quatre longs-métrages depuis 2003, Philippe Ramos confirme son petit penchant pour le détournement de faits historiques et légendaires avec Fou d’amour. Après avoir revisité le mythe de Roméo et Juliette, navigué aux côtés de Moby Dick et reconsidéré le triste sort de Jeanne d’Arc, le cinéaste se consacre à l’affaire du curé d’Uruffe, double homicide qui défraya la chronique à la fin des années 50. Si le véritable assassin s’en était sorti avec vingt ans de prison, le curé de Ramos (brillamment interprété par Melvil Poupaud) est décapité aux premières minutes du film, lequel résonne ensuite comme des mémoires d’outre-tombe.
Curé expulsé de sa paroisse lyonnaise pour quelques ébats peu orthodoxes, Melvil Poupaud est envoyé à Albon, un petit village retiré où il a tôt fait d’émoustiller bon nombre de paroissiennes – la châtelaine (la talentueuse Dominique Blanc), la laitière, la pauvresse : toutes délaissent le Christ pour goûter au corps du prêtre, séducteur souffleur de pêchés.
Malgré la tête décapitée de son conteur, la première strate du récit s’avère humoristique et légère, ponctuée de plaisirs volubiles et d’exquises sentences tendancieuses. Dans ce paradis terrestre, filmé comme un écrin de paix, chaque recoin de la nature semble propice à l’hédonisme et aux dérives charnelles. Jusqu’ici, le curé pétillant qu’incarne Poupaud nous est tout aussi sympathique que l’est son récit post-mortem – un cœur (mais surtout un corps) sous une soutane, un goût avéré pour « les fruits juteux au nectar enivrant », et une préférence bien trempée pour les pêcheuses aux douces lèvres. Aussi séduits par cet aimable curé que le sont ses paroissiennes, les spectateurs pardonnent docilement ses écarts peu catholiques.
Cependant, cette joyeuse chronique villageoise s’imprègne progressivement de noirceur, et ne tarde pas à bifurquer vers le tragique ; le papillonnage insouciant du curé se voit écrasé par un désir irrévocable, une passion tyrannique appelée Rose (Diane Rouxel), divine enfant aveugle de seize printemps aux propos enjôleurs. S’ensuivent la fièvre et la déraison d’un homme fou d’amour, d’un condamné que « la rage d’aimer donne sur la mort comme une fenêtre sur la cour » (Georges Bataille), qui peu à peu nous rapprochent de son ultime châtiment.
Victime ou parfait coupable ? Là n’est pas la question qu’a voulu soulever Philippe Ramos en condamnant son personnage, dont la tête tient finalement le film de bout en bout. Si le cinéaste prend soin de sculpter méticuleusement son personnage et ses évolutions, il n’exprime aucun jugement personnel à son égard, et se garde bien de trouver une morale à cette sombre histoire. Finalement, c’est donc dans la douce voix du cadavre que réside le charme de cette valse macabre, qui mêle admirablement mystique, érotisme, et mort.
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