Nouveau film de Hicham Ayouch, Fièvres est un film principalement centré sur la difficulté des rapports humains. Intemporel dans ce qu’il évoque de la structure familiale, il se révèle moderne et rafraichissant par le regard qu’il projette sur la vie en banlieue.
Synopsis : Déterminé, Benjamin décide à 13 ans d'aller vivre chez son père qu'il ne connaît pas. Benjamin veut grandir. Vite. Karim, son père, habite toujours chez ses parents et se laisse porter par la vie. Il se retrouve démuni face à cet adolescent insolent et impulsif qui va violemment bouleverser leur vie, dans ce quartier aux multiples visages.
Deuxième film du réalisateur Hicham Ayouch à sortir dans les salles hexagonales, Fièvres a permis à ses deux personnages principaux de se distinguer au dernier Festival International du film de Marrakech. Les deux acteurs, Didier Michon et Slimane Dazi, s’y sont partagés le Prix d'interprétation masculine. Pour le premier, c’est une expérience de jeu convaincante et récompensée (des mains de Martin Scorsese tout de même). Pour son ainé, Slimane Dazi, acteur autant expérimenté que récurrent dans le cinéma franco-maghrébin, c’est une nouvelle distinction après le Trophée Francophone de l'interprétation masculine obtenu la même année pour le très apprécié Rengaine de Rachid Djaïdani.
Pour permettre ces performances, le réalisateur a choisi de mettre en scène la naissance d’une relation apriori épineuse entre un père et son fils. 13 ans d’absence paternelle ne suffisent pas au réalisateur à dresser les contours de cette complexité, puisque c’est dans un contexte géographique et sociale tout aussi délicat que les liens tentent de se tisser. Tourné dans la cité du Londeau à Noisy-le-Sec, le film parvient, par sa structure et les choix de narration effectués, à démonter nombre de clichés sur les rapports et certaines images préconçues des banlieues.
Principale volonté du cinéaste, c’est un long-métrage à la vision moderne, proche de ses personnages, qui conte une histoire humaine violente et touchante, sans jamais juger et ériger un stéréotype de l’homme ou la femme de banlieue, comme il nous est si souvent donné l’occasion de le voir. La violence, c’est avant tout celle du déchainement d’un gamin sans racine ni repères. L’humanité que Hicham Ayouch souhaite transmettre au spectateur vient également de certaines séquences aussi comiques que fragiles. Fièvres donne cette image d’une vie souvent difficile, parfois agréable, où amour et crainte se succèdent, puis se confondent, pour livrer quelques scènes authentiques. Ce film confirme l’évolution d’un cinéaste propriétaire d’une réelle vision sur le monde moderne. Ici, ce sont les sentiments exacerbés d’individus à fleur de peau qui lui permettent de jongler habilement entre les émotions qu’il souhaite véhiculer.
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