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Critique : "Divines", un film de Houda Benyamina

30 août 2016, par Untitled Magazine

Féministe et touchant, Divines mélange les genres pour nous guider avec assurance dans son univers unique : un film plein d'humour mais aussi plein de clichés. 

Dounia et Maimounia ont "du clitoris" ! On ne pourrait mieux résumer l'attitude et la gouaille qui réunissent ces deux jeunes banlieusardes à l'écran. Dounia (Oulaya Amamra) grandit dans ce qui s'apparente à un bidonville, près d'une cité dans laquelle elle passe ses journées avec sa meilleure amie, Maïmouna (Deborah Lukumuena). Pour faire passer le temps, elles partagent leurs après-midis entre un BEP accueil, reventes de sodas à la sauvette et petits vols de supermarchés. Pétillantes, débordantes de vie, elles n'aspirent qu'à une chose : troquer leur banlieue pourrie et leur quotidien morne contre une vie de luxe.

© Easy tiger © Easy tiger

Thelma et Louise dans le 93

Les ambitions immenses, les couilles posées sur la table et la gueule grande ouverte, Dounia rêve d'autre chose. La petite, chétive et fine qui se cache sous de larges vestes masculines, s'attache la crinière et jure comme un homme pour paraitre plus grande qu'elle n'est vraiment. Accompagnée, toujours, de sa meilleure amie Ma¨mouna, douce géante pleine de douceur et d'humour. Un duo explosif à la Thelma et Louise, couillu et revenchard, qui propulse le film dans une stratosphère entre le buddy movie féminin et le récit initiatique, le comique et le tragique, le sublime et le terrible... Houda Benyamina renverse tout dans ce film qui remplace les figures masculines par des femmes puissantes, comme Rebecca, la dealeuse, qui collectionne les hommes objets, mâche son chewing-gum la bouche ouverte et s'affuble d'épais joggings.

© Easy tiger © Easy tiger

Pour l'amour de l'excès

On verra, bien sûr, dans ces extrêmes poussées au plus loin une accumulation de poncifs étouffants. C'est lourd, c'est redondant, ça manque d'originalité. Mais c'est aussi la ligne qui donne au film une certaine force. Des personnages qui ne s'excusent pas, tout comme la réalisatrice qui fait de l'excès la trame explosive de sa narration : l'humour y est vibrant, le tragique y est exagéré et la critique y est acerbe. Ces gamines, écrasées par un libéralisme qui ne leur laisse aucune place, finissent par toucher à la drogue, la prostitution et par se perdre dans une illégalité qui les dépasse. Pourtant, Houda Benyamina parvient à s'extraire un peu de ces lourds clichés grâce à un humour décapant, des moments de tendresse (entre les deux amies/entre Dounia et un danseur), et un amour pour ses personnages qu'elle berce dans des ambitions féministes. Si le film pèche par ses excès sur la fin, ce sont bien eux qui parviennent à lui donner son énergie et sa force évocatrice, qui nous bouleversent encore bien après la sortie de la salle.

Divines est explosif, buddy movie tragi-comique pulsé par une énergie incroyable. Pour son premier long-métrage, Houda Benyamina repousse les limites du genre malgré son appropriation lourde de certains codes très clichés.

https://youtu.be/0VKNHB7WBHA


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