Safy Nebbou nous livre une adaptation maladroite du roman "Dans les forêts de Sibérie", sauvée souvent par la photographie de Gilles Porte et les envolées d'Ibrahim Maalouf.
Loin, très loin, le plus loin du monde possible. C'est aux bords du lac Baïkal, aux débuts d'un hiver qui s'annonce impitoyable et rude, que Teddy (Raphaël Personnaz) décide de s'installer en solitaire. Pour échapper à la rapidité, au vacarme et à l'aveuglement de son mode de vie urbain. La solitude recherchée par Teddy finira pourtant par se briser sur le rocher de l'amitié, celle qu'il commence à développer avec Aleksei (Evgeni Sidikhine) , un mystérieux Russe en cavale qui réussit à le sauver de la mort durant une violente tempête de neige.
© NORD-OUEST FILMS
Dans les forêts de Sibérie est une adaptation très libre du roman de Sylvain Tesson. N'y cherchez plus les paragraphes d'interrogations, de réflexions personnelles, de joies individuelles... Ils ont disparu, au profit de longs plans sur d'impressionnants paysages. La nature se fait reine Dans les forêts de Sibérie. Drapée de son grand manteau blanc, elle s'efface sous les gelures pour laisser place à d'immenses étendues plates qui grondent et se craquellent. C'est un bonheur d'observer en même temps que Teddy le lac gelé qui se fissure et râle comme une bête en colère, de rêver se plonger avec lui dans une eau que l'on imagine glacée, de se visualiser blottis sous les planches à la lumière d'une maigre bougie. Gilles Porte nous plonge dans cette atmosphère glaciaire avec de superbes panoramas et de très réussis jeux sur les lumières.
© NORD-OUEST FILMS
Douce atmosphère pour le marcheur solitaire, violente maîtresse aussi pour l'amant qui s'éprend de sa beauté trompeuse : son froid mord et déchire ceux qui tenteraient d'y mettre plus qu'un orteil. Ibrahim Maalouf parvient à évoquer cette dualité mortelle et sublime grâce à une mesure parfaite entre instruments à cordes et cuivres, qui suggère de violents sentiments absents pourtant de la chair du film. Si les interprétations de Raphaël Personnaz et Evgeni Sidikhine convainquent, les rôles qui ont été écrits ne sont pas à la hauteur des attentes. Le scénario n'atteint jamais le grandiose de la photographie et du son, et c'est tout juste s'il parvient à évoquer quoi que ce soit. Les dialogues sont peu recherchés et les interactions entre Teddy et Aleksei ne sont pas travaillées aussi profondément qu'elles le pourraient. On regretterait presque l'introduction de cette amitié, qui gâche l'expérience humaine qu'aurait pu vivre le personnage de Teddy de façon sûrement plus intense.
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Safy Nebbou ne marquera pas l'histoire des films d'aventure avec cette maladroite adaptation, sauvée pourtant par un directeur de la photographie, des acteurs et un compositeur dont il est nécessaire de saluer le beau travail.
https://youtu.be/rGHbya-J75Q