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Critique : "D'une pierre deux coups", un film de Fejria Deliba

19 avril 2016, par Untitled Magazine

Premier long-métrage de l'actrice et réalisatrice Fejria Deliba, D'une pierre deux coups s'inscrit dans la lignée de ces films familiaux qui font du huit-clos le lieu privilégié des rapprochements et distensions du corps familial. D'un même mouvement, il s'en écarte en superposant à cette atmosphère les aléas rocambolesques d'un road-trip qui prend des allures d'épopée pour le personnage principal, interprété par Milouda Chaqiq, fameuse slameuse marocaine de 66 ans. Un film adorable sur les relations familiales, sur le lien au passé et sur le rapport au secret, qui atteint pourtant rapidement ses limites et finit par s'empêtrer dans ses longueurs.

© Haut et court © Haut et court

Zayane, mère nourricière d'une très large famille, n'a à 75 ans jamais quitté les murs de la cité qui a vu grandir ses enfants. Un jour, elle reçoit une lettre lui annonçant le décès de Monsieur Chevalier, un homme pour qui elle a travaillé autrefois en Algérie. L'occasion pour elle de tout lâcher le temps d'une journée pour partir à la quête d'une boîte que le défunt lui a léguée. Complètement déboussolés par son absence impromptue, ses onze enfants décident de se réunir dans son appartement et finissent par découvrir les secrets d'une vie qui ne fut pas seulement celle d'une mère.

© Haut et court © Haut et court

Le titre du film, très bien choisi, témoigne de l'ambition scénaristique : la mère, en décidant de partir, déclenche une dynamique double. Celle d'un retour vers le passé pour elle, et celle de la découverte de son passé par ses enfants. Ces deux dynamiques se côtoient dans une trajectoire parallèle durant tout le film, et les plans oscillent tantôt entre le road-trip entrepris par Zayane et le huit-clos constitué dans la cuisine de son appartement par les enfants. Si la mère est absente, la cuisine devient l'épitomé de sa personne : nourricière, accueillante, lieu de communication et surtout, lieu de l'intime.

© Haut et court © Haut et court

Les intimités se croisent et se recroisent dans ce film où les secrets se dévoilent petit à petit. Tragique du côté des enfants, confrontés à une facette de leur mère qu'ils ne connaissaient pas et que, pour certains, ils n'acceptent pas : un climat qui sera propice à la révélation de tensions déjà existantes. Ces découvertes nous renvoient au temps des mariages forcés, des jeunes servantes autochtones dans les riches familles françaises d'une Algérie colonisée, au secret d'amours interdits... Elles ne pèsent pourtant pas, portées par des personnages lumineux et plein d'humour, élevées par une belle histoire d'amour à distance, suivie par échanges de cassettes audio et de bobines vidéos.

© Haut et court © Haut et court

La dernière scène, très touchante, rassemble les enfants devant les vidéos de leur mère jeune, heureuse, amoureuse. Un moment sensible qui ne parvient pourtant pas à rattraper les faiblesses d'un film très lent, toujours à la grinçante limite du cliché, et pas toujours très convaincant. Une impression de déjà vu, dommage pour un film qui émeut pourtant par sa sincère ambition.

https://youtu.be/GpV6F9NUU8M


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