Au milieu de l'été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu'ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence (Anders Danielsen Lie) et sa sœur Zoé (Judith Chemla) se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l'absence, entre Berlin, Paris et New York durant trois étés.

Il s’agit du deuxième long-métrage de Mikhaël Hers après Memory Lane sorti en 2010. Son nouveau film regorge des mêmes thématiques : la filiation, la maladie, l’été, la musique…

Les deux héros, Lawrence et Zoé, s’attirent, mais ne réagissent pas de la même manière face au drame. Alors que Lawrence revient à ses origines New-Yorkaises pour se reconstruire, Zoé, elle, multiplie les changements radicaux dans sa vie pour oublier. Lorsque les deux personnages sont ensemble, ils convoquent l’absente. Ils traversent le film en nouant une relation particulière. Une filiation qu’on ne peut nommer, entre l’amitié, l’amour et les liens du sang.

Copyright Nord Ouest Production

Les villes traversées forment un personnage à part entière du film, chacune traitent l’été à sa manière. Mikhaël Hers nous oppose les atmosphères sauvages de Berlin et Annecy, aux ambiances industrielles de Paris et New-York. La pellicule utilisée, le 16mm, offre un grain particulier, ressemblant à une palette d’artiste, qui retranscrit parfaitement l’atmosphère chaude et les multiples couleurs de l’été.

Le réalisateur nous offre un film beaucoup trop ressemblant à Memory Lane, du moins avant la section New-Yorkaise qui est la plus réussie. C’est surtout la plus longue, la dernière, et elle introduit de nombreux personnages qui forment l’entourage de Lawrence. On passe dans un univers connu, la vie et les contrariétés des trentenaires, comparable à ce qu’a pu faire Lena Dunham dans Girls par exemple, ou Noah Baumbach avec Frances Ha et While We're Young, avec cependant moins de folie et plus de mélancolie.

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La qualité du film ne réside pas dans ses dialogues, car ils sont quasiment absents ou inaudibles sous une BO omniprésente, mais à travers sa photo et son montage, qui donnent son essence au film. Les multiples ellipses - correspondantes aux changements de villes - donnent une vitesse particulière au film, on avance de plusieurs mois à chaque fois, récupérant nos protagonistes à différents stades de leur deuil, sans savoir ce qu’il a pu leur arriver précédemment. La relation se noue, progresse, parfois involontairement, mais elle semble quasi vitale à Lawrence et Zoé.

Le seul bémol que l’on pourrait trouver serait de dire que Lawrence n’a pas de zone d’ombre, et qu’il fait état d’une gentillesse trop débordante. Il semble brisé intérieurement, mais le drame n’a pas vraiment d’influence sur sa vie active. A contrario, la vie de Zoé est perturbée, son couple éclate, et le soutien familial s’écroule sous le chagrin.

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Ce sentiment de l’été se partage entre la résistance au souvenir douloureux à chaque nouvelle belle saison, et la reconstruction de soi. La modernité du film se situe finalement dans sa capacité à dépeindre la trajectoire de ses héros, si bien intérieurement que physiquement à travers le voyage.

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