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Critique : Blue Ruin, un film de Jeremy Saulnier

8 juillet 2014, par Untitled Magazine

Blue Ruin est le deuxième long métrage de Jeremy Saulnier, après la comédie horrifique Murder Party. Avec ce polar à l’humour noir omniprésent, le réalisateur réussit le pari de traiter un thème vieux comme le cinéma - la vengeance - avec malice et originalité. Blue Ruin a d’ailleurs remporté le prix FIPRESCI du Festival de Cannes 2014, décerné par un ensemble de critiques internationaux.

Une Pontiac bleue, rouillée, indestructible. Une voiture miteuse en guise d'abri pour un vagabond barbu et muet, qui ne laisse transparaitre aucune émotion et ne possède rien. Jusqu’au jour où cet homme apprend que l'auteur du meurtre dont il ne s’est jamais remis, sort enfin de prison. La vengeance est dans un coin de sa tête, l’infernal enchainement de représailles est enclenché. Une simple histoire de vengeance familiale aux pays des armes à feux, sous forme de thriller indépendant dynamisé par un faux rythme constant.

blue_ruin-uk-trailer-for-award-winning-revenge-thriller-blue-ruin Macon Blair dans la peau de Dwight

Film de genre, polar, comédie noire, Jeremy Saulnier passe avec habilité d’un style à l’autre. L’oscillation entre silences significatifs et éclats de violences donne une oeuvre mélodieuse, simultanément calme et angoissante. Blue Ruin se démarque surtout par la singularité de ses personnages. Le stéréotype du vengeur dans le cinéma américain, emprunte généralement plus les traits de Liam Neeson que ceux de Macon Blair. Ami proche du réalisateur, ce dernier réussit la prouesse d’orienter le film, dans un premier temps, par sa métamorphose physique. D’un homme perdu, solitaire, abandonné et en marge de la société, il se transforme en père de famille propre sur lui. Si sa mutation physique témoigne de cette évolution brutale, elle sert au cinéaste de leurre pour surprendre le spectateur. Le changement physique intervient avec la volonté du personnage de Dwight d’assumer ses pulsions. Il se redécouvre physiquement, sentimentalement. C’est en vérité une fausse confiance en lui, une grande inexpérience, qui va caractériser ce nouvel homme. L’originalité du personnage va se créer à partir de cette ambivalence. Le public sait qu’il se lance dans un engrenage infernal et incontrôlable. Maladroit et incompétent, Dwight créé à partir de ses failles une succession de ressorts comiques, élaborée à son insu. Un comique de situation marqué par un ton noir, qui génère certaines scènes aberrantes et une mise en danger parfois ridicule. La chasse à l’homme est instinctive, plus rien n’est calculé. Dwight est guidé par son animalité, sa volonté d’en découdre.

blue-ruin

Après tout, n’est-ce pas ce que le public cherche dans un récit de vengeance ? Une narration forte menée par un personnage surprenant, emprunt simultanément d’une grande douceur et d’une froideur empruntée aux tueurs en série. Jeremy Saulnier a trouvé le bon amalgame, et Blue Ruin se trouve être un des thrillers les plus justes de ces derniers mois.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=fRGhnGgnLrg]


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