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Critique : "Blind Sun", un film de Joyce A. Nashawati

21 avril 2016, par Untitled Magazine

Grèce. Futur proche. Une station balnéaire frappée par une vague de chaleur. L’eau se fait rare et la violence est prête à exploser. Ashraf, immigré solitaire, garde la villa d’une famille française en son absence. Dans ce paysage aride, écrasé par le soleil, il est arrêté par un policier pour un contrôle de papiers…

205341.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx Copyright Pretty Pictures

Il s’agit du premier long-métrage de Joyce A. Nashawati. Née au Liban, la cinéaste a partagé son enfance entre le Ghana, le Koweït et la Grèce, avant de partir étudier en Angleterre pour finalement s’installer en France. C’est dans une Grèce au bord du chaos qu’elle a décidé de planter le décor de son film.

Le titre Blind Sun est effectivement bien trouvé, ainsi si vous n’apportez pas vos lunettes de soleil lors de la séance vous risquez d’en sortir complètement aveugle ! Dans une atmosphère étouffante, Ashraf (Ziad Bakri) est confronté à la chaleur, au racisme, à la privation d’eau, et à son statut précaire. Il sort de nulle part, se fait voler ses papiers par un policier totalitaire, puis arrive enfin, non sans mal, à la villa qu’il doit garder… Alors qu’une certaine anarchie règne dans le pays, Ashraf lutte pour ne pas devenir fou dans sa moite solitude.

278432.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx Copyright Pretty Pictures

Il fait chaud, le soleil brille et ça on le comprend très bien. Trop bien même. A force d'accumuler les plans surexposés, la réalisatrice assomme tellement le spectateur qu’il se désintéresse finalement du sujet. Cette manipulation, qui sera justifiée par certains comme le meilleur moyen de rendre compte des douleurs subies par le héros, est usée jusqu’à la corde, et semble finalement aveugler le spectateur afin qu’il ne puisse pas voir les insuffisances scénaristiques du film.

Le film hésite entre la dystopie et le thriller psychologique. La réalisatrice ne tranche pas ce qui en fait un film sans réel message, et sans réelles idées non plus. Film pro-écolo ? Dénonciateur des abus du pouvoir sur le peuple ? On ne sait pas vraiment... Blind Sun évoque tour à tour Shining pour l’enfermement entraînant la folie et Michel Haneke pour la dimension psychologique. Mais il en devient cependant risible lorsqu’il parodie presque James Bond avec un Ashraf se retrouvant séducteur dans un bar auprès de la plantureuse Laurène Brun, qui quelques instants plus tard semble tout droit sortir de la Dolce Vita en s’accordant un bain de minuit…

206434.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx Copyright Pretty Pictures

Le travail scénaristique est assez faible, et Yórgos Arvanítis semble bien fatigué avec la photo qu’il nous laisse. Si l’on perçoit bien les idées qu’a voulu mettre en place la réalisatrice, le résultat en est décevant, laissant le spectateur encore plus apathique que le héros, un comble…

Non contente de nous avoir aveuglés, la réalisatrice nous achève avec un package de clichés : les gens sont riches donc ils donnent de l’eau minérale au chat, il fait chaud donc les fruits pourrissent, la voisine sexagénaire est une couguar en chaleur, et la multinationale qui s'est appropriée les droits de vente de l'eau s’appelle « BlueGold » (non vraiment ?). Même la fin qui aurait dû être le twist qui finirait de plonger le héros dans une folie sans retour est mal exploitée. Aucun sentiment ou ressentiment n’en ressort.

Au final, qu’on aime ou qu’on déteste, Blind Sun ne laissera personne indifférent, et c’est bien là sa seule réussite. En tout cas une chose est sure, si Mad Max avait été gardien de maison, Georges Miller n’aurait fait qu’un seul film…

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