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Critique : "Black Stone", un film de Gyeong Tae-Roh

28 juillet 2016, par Untitled Magazine

Black Stone étonne par son format entre film expérimental et fiction, ainsi que par la philosophie qu'il développe : étrange et spirituel, le Coréen Gyeong Tae-Roh signe un film poignant. 

Shon Sun est un jeune métis (comprendre, de parents chinois et coréen) contraint d'effectuer son service militaire alors que ses deux parents se tuent à la tâche dans une usine agro-alimentaire de Séoul. Après avoir été violé par son supérieur hiérarchique, il déserte et retourne à Séoul. Lorsqu'il rentre chez lui, il remarque que ses parents ont quitté le navire : Sa mère est décédée, son père a disparu. Il décide alors de traverser les touffes d'une jungle polluée pour rejoindre le village dont son père adoptif est originaire, et où réside sa grand mère adoptive, Pung Tai...

© Neon Productions © Neon Productions

Tableau d'une Corée noyée sous les tabous

A travers les péripéties de son seul personnage principal, Shon Sun, Gyeong Tae-Roh parvient à dresser la fresque vivante et accusatrice d'une Corée rongée par d'importants problèmes de société. Angoissante, étouffante, la réalisation fait peser sur nos consciences le poids subi par les personnages. Du racisme, à l'homophobie en passant par la gangrène du Sida, Gyeong Tae-Roh dénonce les travers de son pays avec une puissance douce, de celles qui choquent, alertent, réveillent sans imposer leur force. Mais à travers ce portrait d'une Corée déchirée, le réalisateur trace aussi la trajectoire d'un personnage qui, adopté, tente de trouver sa place dans un monde pollué par l'humain.

© Neon Productions © Neon Productions

Fuir la pollution

Dans Black Stone, la pollution est double : elle est celle d'une civilisation viciée, d'un pays qui écrase ses travailleurs, humilie ses soldats, rejette ses petits... Elle est aussi environnementale, et les plans fascinants du réalisateur prennent leur temps pour le montrer. La plage recouverte de Mazout côtoie des palmiers magnifiques et les poissons débordent du plastique et de la radioactivité déversés sans conscience par les Hommes. Un monde de merde, aussi bien littérale que figurée, que Shon Sun aurait préféré ne pas découvrir. Une découverte qu'il reprochera amèrement à son père  ("Pourquoi m'as-tu fait sortir de ce tas d'ordures ?"), qui restera, lui aussi, sans réponse.

Black Stone  est un film vraiment étonnant dans sa forme, bouleversant dans sa trajectoire et poignant dans ses revendications. Le coeur serré et la conscience éveillée, on ne sort pas indemne de cette vision d'une heure et demie.

https://youtu.be/D4fOFJkvMzc


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