Comme l'évoque le titre, le film nous expose trois vies, trois destins. Il y a le jeune Yong, qui gagne sa vie en récupérant et re vendant des meubles d'occasion. Xiao Yun, elle, danse dans dans un bar en attendant d'avoir une meilleure condition sociale. Et puis il y a Jin, un retraité qui cherche, avec sa femme, à vendre sa maison pour s'éloigner de cette métropole où l'air est devenu irrespirable. Trois personnages qui seront amenés à se croiser au cours de leur lutte personnelle.
Pour son premier long-métrage, Pengfei Song a choisi d'aborder la question de l'urbanisme dans cette capitale où la démographie explose. De l'extérieur, Pékin est synonyme de modèle de croissance. Pourtant le quotidien de ses 23 millions d'habitants est rythmé par les démolitions de quartiers, les constructions d'immeubles et les relogements. Derrière cette ambition opulente, les populations les plus pauvres sont sujettes à la misère et à l'autonomie.
Le jeu des acteurs est très juste. Yong et Xiao Yun représentent très bien cette classe sociale victime d'une paupérisation toujours très présente. Ils vivent dans ce Pékin souterrain délabré et dangereux car en proie aux inondations. Certaines scènes sont loufoques, d'autres émouvantes. On imagine que le sujet du film lévite autour de l'attachement naissant entre Yong Le et Xiao Yun, que Pengfei prend le parti du romantisme à la chinoise. Mais c'est plus complexe et cela peut en dérouter plus d'un. Grandement inspiré par le réalisateur malaisien Tsai Ming-liang, Pengfei s'accorde en fait à respecter le dessin de ses personnages, ici fatalistes.
Si Beijing Stories nous est présenté comme un drame, il se rapproche largement du documentaire. Des plans fixes et longs où la caméra est posée, telle le témoin d'une vraie scène de vie. La fin brutale et pessimiste annule nos derniers doutes. L'objectif n'est clairement pas la fiction. Pengfei réalise à travers de belles images et une mise en scène juste, une critique subtile de Pékin.
Bande annonce
https://www.youtube.com/watch?v=l0uQ8Mukveo Beijing Stories a reçu le Prix Fedeora du meilleur film aux Venice Days, une section indépendante de la Mostra du Cinéma de Venise.