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Critique : "Asphalte", un film de Samuel Benchetrit

5 octobre 2015, par Untitled Magazine

Après l’échec de "Chez Gino" et "Un Voyage" c’est en grande forme que revient Samuel Benchetrit avec Asphalte. Grand habitué des comédies à la fois très noires et poétiques, le réalisateur Français nous offre trois belles histoires dans une cité où la solidarité entre les différents locataires règne à travers des relations très fortes qui se nouent. Basé sur son propre roman du même nom, Samuel Benchetrit maîtrise sa caméra et son récit : Asphalte est un tableau émouvant de personnes ordinaires aux histoires extraordinaire. Alors qu’est-ce qui fait de cette cinquième réalisation un moment agréable ? Réponse.

Dès son introduction absolument hilarante, Asphalte donne le ton. Samuel Benchetrit nous prépare à deux heures de rires. Le premier récit suit Sterkowitz (Gustave Kervern) qui après un petit accident domestique se retrouve en chaise roulante et ne peut utiliser l'ascenseur pour accéder à son appartement. Suite à cette mésaventure le malheureux rencontre une infirmière dont il tombe amoureux, incarnée par Valeria Bruni Tedeschi. Ce premier arc est sans doute le plus comique de tous à travers les situations rocambolesques dans lesquelles se retrouve Sterkowitz. Samuel Benchetrit s’amuse à torturer son personnage et lui faire subir des situations tellement ironiques qu’on ne peut s’empêcher de le prendre en pitié tout en étant amusé. Ainsi celui-ci après plusieurs heures sans manger fait face à un distributeur et prend un sandwich qui se retrouve… bloqué. Toute la maladresse du personnage incarné par Gustave Kervern est touchante et on ne peut s’empêcher d’être pris d’affection par ce personnage un peu simplet et très mauvais menteur qui ne cherche qu’à plaire à une femme. Une véritable alchimie a lieu entre lui et l’infirmière jouée par Valeria Bruni Tedeschi, quelque chose de très doux qui se ressent à l’écran.

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Le second arc montre la relation fusionnelle qui va se créer entre une actrice des années 80, Jeanne Meyer (Isabelle Huppert) et son voisin Charly (Jules Benchetrit). Lui est plutôt direct tandis qu’elle est plus timide. De ces deux personnalités contradictoires naît une histoire prenante interprétée par deux acteurs qui brillent à l’écran. Avec beaucoup de non-dits, Samuel Benchetrit développe une connexion ambiguë entre les deux personnages. Charly est amoureux de l’image de Jeanne Meyer lorsque celle-ci était jeune tandis qu’elle voit en Charly un amour passé.

La troisième histoire, sans doute la plus touchant, montre le lien mère-fils qui va se créer entre un astronaute Américain, John McKenzie (Michael Pitt), qui s’est écrasé par erreur sur le toit de l’immeuble de la cité où se déroule Asphalte et Mme Hamida (Tassadit Mandi). Lui parle Anglais et ne comprend pas le Français, elle parle Français et ne parle pas Anglais. Malgré cela la femme va prendre sous son aile ce Petit Prince tombé dans son désert de solitude. Cet astronaute perdu au milieu de nulle part incarné par un Michael Pitt à l’apparence angélique arrive à émouvoir aux côtés de Mme Hamida qui malgré ses petits moyens fait tout pour que son hôte de sente à l’aise. Un échange de culture a lieu à l’écran et la scène du repas entre les deux personnages entre un plat de couscous est de toute beauté. Mme Hamida voit en John McKenzie son fils Madjid absent car incarcéré.

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Samuel Benchetrit arrive à travers un montage habile à rendre le croisement entre les différentes histoires très fluide. Pourtant jamais les personnages des trois récits ne se croisent et le ton employé change très souvent sans perdre le spectateur. Le réalisateur fait appel à très peu de dialogues dans Asphalte et malgré les silences, bien utilisés, les « héros » arrivent toujours à se comprendre.

Esthétiquement Samuel Benchetrit opte pour le format 1:33. La taille de l’image permet de faire ressentir le côté étroit de ces HLM et petits appartements. Les scènes de Michael Pitt dans sa navette ne sont jamais cheap malgré le petit budget du film et donnent des moments de plénitude et silence pour offrir un côté contemplatif à Asphalte. Une ambiance particulière règne dans cette cité. Quelque chose de fantomatique. Jamais le cinéaste ne montre d’autres locataires en dehors des six personnages et fait résonner un bruit strident, angoissant, à plusieurs reprises sans que personne ne puisse expliquer d’où celui-ci vient. La musique joue également un rôle important dans Asphalte. Sans être trop appuyée celle-ci composée par le chanteur Raphaël se résume à une petite mélodie au piano : une idée du réalisateur qui écoutait Sonate Au Clair de Lune pendant le tournage. Simple mais efficace.

Diffusé à Cannes dans le cadre de l’édition 2015 du festival, Asphalte est un beau film. Un joli retour après deux réalisations mitigés pour Samuel Benchetrit qui met en scène une multitude d’histoires aux tons différents mais toujours avec justesse. Qu’on rit ou qu’on soit ému le réalisateur tape toujours juste et chacun aura sa préférence face aux trois arcs qui se croisent pendant deux heures qui passent rapidement.

https://www.youtube.com/watch?v=qdO2fAv86Sw


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