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Critique : "Arès", un film de Jean-Patrick Benes

19 novembre 2016, par Untitled Magazine

"Arès" est un film d'action et de science-fiction qu'il serait tentant de rejeter en bloc si la mise en scène ne parvenait pas à créer un univers aguicheur.

C'est dans une France devenue pauvre et dans un Paris ou se côtoient bidonvilles et grands sièges de multinationales que se déroule ce film de science-fiction. Dans un pays au bord de la révolte où les chômeurs se comptent en dizaine de millions, les gens se divertissent devant l'Arena; un sport de combat qui sert notamment de vitrine pour les nouvelles drogues des entreprises pharmaceutiques. Reda Kowalski, un ancien champion du nom d'Arès, relégué au rang de loser cynique, se voit obligé de tout mettre en oeuvre pour sauver ses nièces et sa sœur lorsque cette dernière se fait arrêter.

Copyright Albertine Productions - Gaumont Copyright Albertine Productions - Gaumont

Une ambition Hollywoodienne

Il est assez rare de voir un film français qui assume ses inspirations de film de genre d'anticipation. Jean Patrick-Benes revendique au contraire les influences américaines de films comme Soleil Vert ou Blade Runner, et transpose celles-ci sur la France en dressant le portrait d'un pays ou les dérives ultra-libérales l'ont emporté sur l'éthique scientifique et l'Etat de droit.

Difficile pourtant de copier Hollywood lorsqu'on n'est pas le propriétaire d'Europa Corp. S'il existe de rares tentatives d'inspiration du cousin transatlantique dans l’hexagone, il faut avouer que ces dernières s'illustrent surtout par leur médiocrité. Arès réussit pourtant là où on ne l'attend pas, malgré un budget relativement petit de 5 millions d'euros. Doté d'un scénario somme toute assez classique qui surfe sur les inquiétudes altermondialistes, le film réussit à imposer un univers de SF à la française, qui alterne entre réalisme et futurisme. Mélangeant des vues des métropoles telles que Shangaï et Paris, ou des révolutions à Kiev en 2014, l'univers créé se dote d'un véritable charisme aux notes cyberpunk tout à fait séduisantes.

Copyright Albertine Productions - Gaumont Copyright Albertine Productions - Gaumont

Des défauts qui cassent le rythme

Malheureusement, l'originalité et les influences d'Arès soulignent aussi de façon assez cruelle les endroits ou il pêche. La présentation de l'univers est par moment mise en place de façon extrêmement grossière; les images des bidonvilles deviennent rapidement lassantes, tandis que l'information du port d'armes dorénavant légal est faite par des hauts parleurs publicitaires en une adresse des plus subtiles au spectateur. Toute liberté imaginative sur ledit univers se trouve peu à peu cadrée et strictement délimitée, allant ainsi à l'encontre d'une règle d'or qui voudrait que le spectateur invente lui aussi toute une partie de ce qu'on lui présente. Enfin, le film ne se contente que de baser son univers sur une critique assez facile de l'ultra-libéralisme, alors qu'il aurait gagné à innover sur ce point, quitte à abandonner sa volonté de rester dans un réalisme qui le fait par moment dangereusement pencher du côté du cliché.

La présence de Louis Leterrier (réalisateur de Hulk ou Insaisissables) à la coproduction ou de l'acteur suédois Ola Rapace (Skyfall) ne parviennent par à relever le film de ses faux-pas. Les acteurs tentent vainement de rattraper des dialogues qui sonnent tous plus faux les uns que les autres, et les combats relèvent d'une violence surtout insoutenable pour nos tympans.

Arès se révèle donc être un film d'anticipation rempli de nombreux défauts, qui raviront un public adepte de relever les moindres erreurs de scénario. Pourtant, il mérite d'être défendu pour son ambition qui parvient à instaurer un univers visuel intéressant, dans lequel on retrouvera sans mal les nombreuses inspirations iconiques du réalisateur.

A l'occasion de la sortie du film, Gaumont a développé un site qui imagine les news dans un futur proche : piratage de pompes à insuline, tour de France au traçage improbable, promesses électorales intenables et alertes nucléaires sont au rendez-vous. Info34 est à retrouver ici

https://youtu.be/ehp3w7hD09M


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