Absence (Ausência) parvient à conter sans dramatisation excessive les errements d'un adolescent en recherche constante d'amour :linéaire et documentaire, juste dans son ton et dans ses interprétations, le film dévoile une richesse pleine d'espoir malgré de légères faiblesses.
A 14 ans, Serginho porte déjà sur ses épaules le poids d'une responsabilité qui n'a rien d'adolescente. Ecrasé par la pesanteur de l'absence paternelle et étouffé par la présence alcoolique d'une mère déprimée, il se retrouve noyé sous des préoccupations qui l'éloignent de lui-même. En manque cruel d'amour et de repère, Serginho se cherche dans les rues de son village, à sa propre quête et à celle d'une figure paternelle, qu'il tente de reconstituer sur les traits de son professeur.
Le réalisme adolescent de Teixeira
L'adolescent amputé d'une figure paternelle et perdu dans sa quête de soi : le thème est éculé. Pourtant, Chico Teixeira parvient à en faire une pâte nouvelle en choisissant ses plans comme le ferait un reporter qui suivrait un guépard dans la savane. Cet oeil documentaire crée un effet de linéarité plat, mais qui, étrangement, n'ennuie jamais. Serginho est un personnage détaché, qui semble vivre les coups qui lui sont portés comme des évènements sans grande importance, sans pour autant s'empêtrer dans un marasme déprimant. Jamais abattu, l'adolescent n'est pas le représentant d'une adolescence dramatisée à l'extrême : le fatalisme n'existe pas devant la caméra de Teixeira et l'adolescence devient à nouveau ce qu'elle est vraiment. Un âge qui renferme une multitude de possibilités insondables.
© Sokol films
De l'espoir increvable
Si le père, dans une terrible scène d'ouverture, quitte l'écran aussi vite que son rôle parental, la narration ne se fait jamais défaitiste. Malgré le traitement affreux que lui inflige son oncle avec qui il travaille sur les marchés, malgré l'irresponsabilité complète de sa mère alcoolique, malgré sa déception amoureuse, malgré un système scolaire qui ne lui convient pas, le protagoniste de Chico Teixeira s'évertue encore et encore à chercher. Chercher l'amour, chercher la joie.. Une quête vers des possibles que le réalisateur laisse malheureusement un peu trop ouverte, puisque la fin du film n'apporte aucune solution. Dommage, car la linéarité d'Absence aurait mérité de voir son rythme répétitif cassé par une assertion claire.
© Sokol films
Absence s'oppose donc aux poncifs sur l'adolescence comme haut lieu de mal-être pour laisser la place à une narration ouverte et documentaire sur la quête d'un protagoniste plein de vie : un film agréable sans être transcendant, qui a le mérite de renouveler un genre à l'appréhension difficile.
https://youtu.be/pzCv1vAt1ik