Dans un RER qui traverse Paris et se dirige vers le Nord-Ouest, la romancière nous transporte dans la vie de plusieurs personnages, saisis à un moment crucial de leur histoire. Un roman habile dont le rythme s’accélère au fil des cent soixante dix pages.
Le roman débute avec la course effrénée de Marie qui décide à tout prix de monter dans le RER qui est à quai. Plus rien ne compte pour elle, seulement d’arriver « ailleurs ». Une envie qu’elle partagera avec ses voisins, présents à ses cotés, mais sans jamais les remarquer.
La romancière peint ici d’émouvants portraits. Marie, une jeune mère débordée dont le couple se meurt. Chérif, un jeune enfant de banlieue qui craint de rentrer chez lui et de subir un règlement de compte. Alain, nouveau parisien, qui a fui la Provence après une nuit de malheur. Liad, un israélien qui tente d’oublier ses trois années passées à l’armée en visitant Paris au lieu d’être en Thaïlande avec ses compagnons. Ou encore Cigarette, une quadragénaire fumeuse qui se remémore un amour de jeunesse.
Avec son écriture emphatique et tendue, Anne Collongues nous fait ressentir la tension qui hante chaque personnage saisi à un moment crucial. Ce roman file entre nos doigts, on le feuillette sans jamais pouvoir s’arrêter. Un premier ouvrage à dévorer tout en prenant conscience que l’on ignore tout de nos voisins de voyages.
Ce qui nous sépare, Anne Collongues, Actes Sud, 18,50 euros,170 pages.